L'annonce unilatérale par l'Autorité palestinienne de la création d'un Etat palestinien le mois prochain est en train de faire bouger les lignes. Mahmoud Abbas déposera une demande d'adhésion d'un Etat palestinien à l'ONU le 20 septembre, il remettra en personne la requête au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Le président palestinien a expliqué ces dernières semaines aux Occidentaux que sa marche forcée était dictée par le blocage total du processus de paix israélo-palestinien. Les Palestiniens ne sont cependant pas dupes. Ils ne s'attendaient pas à une simple formalité de la part des pays de l'ONU, presque tous favorables à leur initiative. Les Etats-Unis et l'Europe, perturbés par les révolutions arabes et par la résistance des régimes de Syrie et de Libye, ne semblent pas vouloir s'engager dans la voie palestinienne en raison de l'opposition ferme d'Israël. Quoiqu'il en soit, la communauté internationale sera mise devant ses responsabilités comme jamais sur le dossier de la Palestine. Les Palestiniens sauront qui est réellement partisan du droit international parmi les pays qui les ont aidés matériellement et financièrement et qui les avaient appuyés symboliquement par des annonces diplomatiques même si elles n'étaient pas trop engageantes. En tout cas, le Conseil de sécurité a, certes, convenu de débattre de la requête de Abbas mais sans donner de calendrier précis. Saëb Erakat, le négociateur palestinien, ménage les Occidentaux en déclarant qu'il n'y a pas de contradiction entre le processus de paix et la reconnaissance par l'ONU d'un Etat palestinien : “Nous avons déjà parlé pendant plus de 20 ans”. La France, dont Sarkozy a fait pencher la balance pour Israël, a un jeu plus controversé. Reste que le locataire de l'Elysée, qui a pris des initiatives fortes et musclées en Libye, rêve de débloquer le dialogue israélo-palestinien, ce qui poserait le candidat en pré campagne pour sa propre succession en mais 2012, en grand de ce monde. Il insiste pour la convocation d'un sommet de la paix prévu pour le 2 septembre à Paris. Le président français, qui n'a pas soutenu l'option de la déclaration unilatérale, mise sur le succès du sommet de Paris. Le Conseil de sécurité de l'ONU, en raison du veto américain, fera lui aussi obstacle à toute décision non négociée au Proche-Orient. Sur ce sujet, la porte des négociations ne seraient pas si fermées, selon des spécialistes, qui soulignent que Netanyahu a fait un pas “important” dans le sens américain en acceptant la reconnaissance d'un Etat palestinien sur les frontières de 1967, corrigées par des échanges de territoires. Jusqu'à présent il refusait catégoriquement un retour à ces frontières. Yasser Abd Rabbo, responsable palestinien, a annoncé une mobilisation populaire pacifique à partir du 20 septembre pour soutenir les démarches à l'ONU, à la suite d'une réunion de mouvements palestiniens, d'organisations de la société civile et de personnalités.