Alors que le processus de paix est dans une impasse inextricable après que les Etats-Unis ont échoué à imposer un minimum aux Israéliens pour négocier de façon crédible, une éventuelle déclaration unilatérale palestinienne sur la fondation d'un Etat commence à retenir l'attention. Dans le sillage de la reconnaissance des pays d'Amérique latine, l'éventualité est de plus en plus à l'ordre du jour. En tenant compte des frontières d'avant 1967, beaucoup d'Etats à travers le monde sont tentés de franchir le pas et de s'affranchir de la prééminence de Washington dans ce dossier sensible. Les Palestiniens intensifient leurs efforts pour obtenir une reconnaissance. Le Premier ministre, Salam Fayyadh, déclare que «2011 sera une année de liberté, d'indépendance et de la création d'un Etat palestinien». Insistant sur «le retour de l'unité de l'Etat palestinien et de ses institutions». Le Brésil, l'Argentine, la Bolivie et l'Equateur ont solennellement reconnu récemment l'Etat palestinien libre et indépendant sur les frontières de 1967, tandis que l'Uruguay projette de le faire en 2011. Il est de plus en plus évident que les Palestiniens, las d'un processus de paix qui s'est révélé un leurre récurrent, ont décidé d'annoncer unilatéralement la création de leur Etat indépendant comme seule alternative. L'échec patent de l'administration Obama dans sa mission de relancer un processus de paix déjà biaisé au départ semble libérer l'Autorité palestinienne de l'obligation de prudence. Les Palestiniens ont choisi de recourir aux Nations unies, donc à l'opinion mondiale, pour plaider leur cause. Le président Mahmoud Abbas, qui a joué le jeu des négociations au risque de se décrédibiliser aux yeux de son peuple, a demandé finalement au quartette international de soutenir et même d'approuver la déclaration adoptée par les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne à Bruxelles. Dans cette dernière, les pays européens avaient exprimé leur soutien à un Etat palestinien indépendant et jugé illégale la colonisation israélienne. Cependant l'UE, qui ne se gêne nullement pour octroyer un statut privilégié à l'Etat colonisateur, semble encore dans un attentisme qui en dit long sur sa marge de manœuvre dans le dossier du Proche-Orient. Le 23 septembre à New York devant l'Assemblée générale des Nations unies, le président américain, Barack Obama, s'est voulu annonciateur : «Lorsque nous reviendrons ici l'an prochain, nous pourrions avoir un nouveau membre des Nations unies, une Palestine indépendante vivant en paix avec Israël.» L'intransigeance et l'arrogance de l'Etat hébreu ont brisé le processus de paix d'Obama mais n'ont pas altéré la belle idée. Dernier bénéfice en date pour l'Autorité palestinienne, l'Espagne promet de reconnaître un Etat palestinien en 2011. Seulement l'histoire retiendra qu'un Etat avait déjà été déclaré à Ghaza en 1947 et, en 1988, Yasser Arafat avait fait la fameuse Déclaration d'Alger lors d'une réunion du Conseil national palestinien, dans laquelle il déclarait l'Etat fondé sur le Plan de partage de l'ONU de 1947, ou Résolution 181. Vingt-deux ans après, les Palestiniens sont toujours en quête de leur liberté. M. B.