Depuis le 23 juillet 2011, la loi belge interdit le port du voile en frappant les récalcitrantes d'amendes ou d'emprisonnement. Mercredi dernier, l'homme d'affaires Rachid Nekkaz a payé, dans la commune bruxelloise de Saint-Josse-Ten-Noode, les amendes de deux femmes qui avaient porté en public un voile recouvrant complètement leur visage. Ce “Robin des Bois” moderne des femmes voilées considère que les lois d'application en France et en Belgique ne respectent pas les libertés individuelles et il a annoncé qu'il prévoyait de contester leur légalité devant les tribunaux nationaux belges et français, puis devant la Cour européenne des droits de l'Homme. Neuvième enfant sur douze, né à Villeneuve Saint-Georges de parents algériens en 1972, Rachid Nekkaz a suivi des études d'histoire et de philosophie à la Sorbonne. Après avoir participé à la dynamisation du tissu associatif dans les quartiers, notamment en suscitant des groupes de soutien scolaire ou en favorisant l'éclosion d'organisations d'initiation à Internet, Rachid Nekkaz s'est lancé dans les affaires en créant une start-up qu'il a ensuite vendue. Dans la foulée de cette opération, il a mis en place, il y a un an, un fonds “de défense de la laïcité et de la liberté” doté d'un million d'euros pour rembourser les amendes frappant les musulmanes portant le voile. Mercredi, il est donc venu à Bruxelles pour payer les amendes de 50 euros infligées à Imen et à Halimatou, deux adolescentes de 16 et 17 ans, interpellées pour avoir porté chacune le niqab dans les artères de la capitale belge. Rachid Nekkaz se déclare opposé au port du voile dans les lieux publics fermés comme les municipalités, les administrations publiques ou les écoles mais, en revanche, il considère que les dispositions législatives arrêtées en Belgique et en France sont des entraves à la liberté individuelle et il estime même que ces interdictions sont dangereuses pour la démocratie. Rachid Nekkaz, qui s'est déjà présenté à l'élection présidentielle en France, pense toutefois que dans la rue, la liberté de chacun doit prévaloir. Le nombre exact de femmes qui portent le niqab ou la burqa en Belgique est inconnu, mais on estime qu'elles sont entre cent et trois cents sur une communauté musulmane estimée à un demi-million. Si le port du voile intégral et du niqab dans les lieux publics est interdit en Belgique depuis le 23 juillet dernier, des dispositions locales interdisent néanmoins, depuis la création du royaume, toute présence masquée dans un lieu public en dehors des périodes carnavalesques. Les femmes qui portent le voile recouvrant totalement leur visage dans des lieux publics encourent une amende de 137,50 euros et une peine d'emprisonnement de sept jours, une législation plus sévère que dans l'Hexagone, où la loi prévoit une amende de 150 euros ainsi qu'un stage de citoyenneté.