De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Au premier jour d�application de la loi sur le voile int�gral en France, des sceptiques, � leur t�te les policiers, pensent qu�elle sera difficilement applicable. D�autres, des extr�mistes qui se sont mobilis�s d�s hier en manifestant � Paris, ont appel� leurs troupes � planter un drapeau d�Al Qa�da pour manifester leur refus de cette loi et appeler � la d�sob�issance civile. Il est clair que cette loi � n�cessaire toutefois � est venue au mauvais moment et les motivations premi�res de ses initiateurs ne sont pas tr�s avouables. Hier, lundi, est entr�e en vigueur, en France, la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage avec un voile, une cagoule ou un masque dans les lieux publics. Le champ d�exercice de cette loi s��tend � la rue, aux jardins publics, aux gares, aux commerces, aux restaurants, aux th��tres, aux salles de cin�ma, aux transports collectifs et locaux associatifs ou d�entreprise d�di�s au public. En fait, et autant dire, le voile int�gral est banni de quasiment tous les espaces publics fran�ais. Depuis hier, les femmes qui porteront le voile int�gral dans ces lieux sont passibles d�une amende de 150 euros et/ou d�un stage de citoyennet�. Dans le cas de refus de se pr�ter � un contr�le, les cons�quences de ce refus lui seront expos�es et si la femme voil�e persiste, elle se verra conduite dans les locaux de police ou de gendarmerie aux fins de contr�ler son identit�. Une autre infraction vise les �poux des femmes voil�es qui auraient forc� leur compagne �par menace, violence, contrainte, abus d�autorit� ou abus de pouvoir� � porter le voile. Dans ce cas pr�cis, l��poux est passible d�un an d�emprisonnement et de 30 000 euros d�amende. Si la compagne contrainte est mineure, le compagnon verra sa peine doubler. Pour faire appliquer ces nouvelles dispositions de loi, le gouvernement s�est fendu de deux circulaires. D�abord celle de Fran�ois Fillon, le Premier ministre, qui, le 3 mars dernier, y r�affirmait �solennellement les valeurs de la R�publique et les exigences du vivre-ensemble�. Fillon explique dans ce document que le voile int�gral �place les personnes concern�es dans une situation d�exclusion et d�inf�riorit� incompatible avec les principes de libert�, d��galit� et de dignit� humaine affirm�s par la R�publique fran�aise�. Cette circulaire a �t� accompagn�e d�une campagne d�affiches avec le slogan : �La R�publique se vit � visage d�couvert�. Quant � la deuxi�me circulaire, elle �mane du ministre de l�Int�rieur, Claude Gu�ant (celui qui trouve qu�il y a trop de musulmans en France et qui ne supporte m�me plus l�immigration l�gale) qui y adresse ses instructions aux pr�fets et aux forces de s�curit� pour faire appliquer cette nouvelle loi �en �vitant tout d�rapage� et l�, ce ministre sait de quoi il parle. Fallait-il une loi pour contraindre les 2 000 femmes qui porteraient le voile int�gral en France ? S�rement oui, mais cette loi qui aurait pu prot�ger des ravages que font les int�gristes vis-�-vis de la femme qui ne la con�oivent qu�enferm�e et assujettie � son homme, est promulgu�e dans un contexte de rejet de tout ce qui est musulman, d�attaques quotidiennes contre tous ceux qui ne sont pas, comme le proclame Sarkozy, de culture jud�o-chr�tienne, pi�tinant au passage le principe de la�cit� qui a fait, depuis 1905, le vivre-ensemble propre � l�Hexagone. On doute d�autant plus de l�opportunit� de cette loi que toutes les mesures prises dans ce cadre par le pouvoir actuel le sont pour capter les voix de l�extr�me droite par un pouvoir en place en d�clin. Les islamistes musulmans � il en existe et l�Etat les a laiss� faire des d�cennies durant � ont bien compris et s�engouffrent actuellement dans la br�che ouverte � combien b�n�fique pour leur propagande. Depuis samedi, ils crient � la stigmatisation des musulmans et ne manquent pas d�arguments pour ce faire. L�on a m�me vu hier matin, un certain Rachid Nekkaz, qui se dit homme d�affaires, candidat aux primaires socialistes et pr�sident de l�association �Touche pas � ma constitution�, inciter les femmes portant le voile int�gral � la d�sob�issance civile et s�engager � payer lui-m�me les 150 euros de chaque voil�e qui refuserait d�enlever son voile. Beaucoup de personnes s�interrogent, par ailleurs, de savoir si Sarkozy et ses services iraient jusqu�� faire appliquer la loi � toutes princesses voil�es qui viennent des royaut�s p�troli�res faire leur shopping dans les grandes enseignes de luxe fran�aises.