Entretenant des relations étroites durant le règne de Hosni Moubarak, au détriment des Palestiniens, et avec des visites d'Omar Souleymane à Tel-Aviv, l'Egypte et Israël vivent une crise diplomatique sans précédent avec le rappel de l'ambassadeur égyptien et l'exigence d'excuses officielles par le Caire. La mort de cinq policiers égyptiens à la frontière du Sinaï avec Israël par des tirs de soldats israéliens suite aux attaques par des combattants palestiniens, qui ont fait huit morts jeudi à Eilat, a fait sortir les nouvelles autorités cairotes de leurs gonds. L'Egypte exige tout simplement des “excuses officielles” pour un retour à la normale de ses relations avec l'Etat hébreux, après avoir rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv. Après avoir écrit sur sa page Facebook officielle que “le sang de l'Egyptien est trop cher pour être versé sans réponse”, le Premier ministre égyptien Essam Charaf a insinué que la position de l'Egypte post-Moubarak a changé, en ajoutant : “Notre glorieuse révolution a eu lieu pour que l'Egyptien puisse regagner sa dignité à l'intérieur comme à l'extérieur, et ce qui était accepté dans l'Egypte d'avant la révolution ne le sera plus dans l'Egypte d'après la révolution”. “L'Egypte a décidé de rappeler son ambassadeur en Israël jusqu'à la présentation d'excuses officielles” par l'Etat hébreu, a indiqué la télévision étatique, suite au communiqué du gouvernement égyptien publié par l'agence officielle Mena, demandant “des excuses officielles israéliennes” à l'issue d'une réunion de sa cellule de crise dans la nuit de vendredi à samedi. La même source a également “dénoncé les déclarations irresponsables de certains responsables israéliens”, sans autre précision. Le gouvernement égyptien a affirmé dans son communiqué que “l'Egypte est capable de défendre ses frontières et d'assurer la sécurité dans le Sinaï”. “La sécurité de la frontière égypto-israélienne est la responsabilité commune des deux parties et n'est pas la seule responsabilité de l'Egypte”, a souligné le communiqué. Pour information, c'est la deuxième fois que l'Egypte, premier pays arabe à avoir conclu la paix avec Israël en 1979, rappelle son ambassadeur en Israël. Le Caire avait rappelé son ambassadeur dans l'Etat hébreu en novembre 2000 pour protester contre “l'usage excessif de la force” par Israël contre les Palestiniens après le déclenchement de la deuxième Intifada. Il faut croire que cette décision égyptienne est prise très au sérieux par les responsables israéliens, lesquels mènent des discussions sur la situation, selon un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, qui a déclaré : “Il y a eu une annonce égyptienne et nous discutons de ce qui en transparaît”. De son côté, le directeur du département politique du ministère de la Défense, Amos Gilad, a rappelé hier, à la radio publique, qu'aux yeux d'Israël la paix avec l'Egypte est “un acquis stratégique”. “Personne au sein de l'armée, personne au sein des services de sécurité n'a l'intention de nuire aux soldats ou aux policiers égyptiens, bien au contraire”, a assuré M. Gilad. Ceci étant, le gouvernement égyptien a également chargé le ministre des Affaires étrangères de “convoquer l'ambassadeur israélien au Caire pour lui notifier la protestation de l'Egypte”. L'ambassadeur israélien sera également notifié “d'une demande de procéder à une enquête officielle commune pour dévoiler les circonstances de la mort des policiers égyptiens et définir la partie responsable afin de prendre les mesures juridiques pour préserver les droits des victimes et des blessés égyptiens”. Au Caire, plusieurs centaines d'Egyptiens en colère ont passé la nuit devant l'ambassade d'Israël en demandant l'expulsion de l'ambassadeur israélien. Rassemblés devant l'immeuble jouxtant celui de l'ambassade, protégée par des blindés de l'armée et plusieurs cordons policiers, les manifestants scandaient “Sinaï, Sinaï, à bas Israël”.