Le président syrien, Bachar al-Assad, a rejeté, dimanche, l'exigence des pays occidentaux à le voir quitter le pouvoir et a mis en garde contre toute intervention étrangère, dans une interview à la télévision d'Etat. “En nous abstenant de réagir, nous leur disons que leurs propos sont sans valeur”, a lancé M. Assad. Selon lui, de “tels propos ne doivent pas être tenus à l'égard d'un président qui a été choisi par le peuple syrien et qui n'a pas été installé par l'Occident, un président qui n'est pas fabriqué aux Etats-Unis. Ces paroles se disent à un peuple soumis qui accepte de recevoir des ordres de l'étranger”. Jeudi, le président américain, Barack Obama, comme ses alliés occidentaux, a, pour la première fois, appelé explicitement Bachar al-Assad à partir et à renforcer les sanctions contre son régime après cinq mois d'une brutale et sanglante répression de la contestation en Syrie. Plus de 2 000 personnes ont été tuées par les forces du régime depuis le début de la répression le 15 mars, selon le secrétaire général adjoint de l'ONU, Lynn Pascoe. Lors de sa quatrième intervention depuis le début de la contestation sans précédent de son pouvoir, M. Assad a mis en garde contre une intervention étrangère. “Toute action militaire contre la Syrie aura des conséquences autrement plus graves de ce qu'ils peuvent imaginer en raison de la situation et des capacités de la Syrie.” Il a, par ailleurs, annoncé que les élections locales devraient avoir lieu en décembre et que les législatives se tiendront de “quatre à huit mois après la publication, peut-être jeudi, des décrets d'application sur la loi électorale, en tout cas pas plus tard que février, afin de permettre aux partis de se constituer et d'avoir le temps de faire campagne”. Concernant les sanctions économiques décidées par les pays occidentaux, il a souligné que “le siège de la Syrie existe déjà”. “Malgré les bonnes relations économiques que nous avons avec l'Europe, nous avons d'autres alternatives. On s'est orienté vers l'Est et nous continuerons à le faire”, a-t-il dit. Selon des diplomates, les mesures européennes visant le secteur pétrolier, notamment un embargo sur l'importation de pétrole brut syrien, pourraient être annoncées dès mardi. L'Europe achète 95% du pétrole exporté par la Syrie, ce qui représente un tiers des recettes du pays. Interrogé sur la situation sécuritaire, le chef de l'Etat a précisé que “nous avons commencé à enregistrer des succès et nous pouvons dire que la situation est à présent plus rassurante. Le complot (déjoué) visait à faire tomber la Syrie en l'espace de quelques semaines”. “Il n'y a pas de solution purement sécuritaire, et toute solution sera forcément politique, mais une solution politique ne pourra pas être mise en œuvre si la sécurité n'est pas préservée”, a-t-il souligné. Alors que le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a indiqué, vendredi, qu'il y avait désormais des “preuves” de “crimes contre l'humanité” et a appelé le Conseil de sécurité à saisir la justice internationale, le président Assad a indiqué qu'il existait en Syrie “une commission d'enquête indépendante”. “Un nombre limité de personnes ont déjà été jugées sur la base de preuves irréfutables. Le principe est que quiconque, qu'il soit militaire ou civil, ayant commis un crime contre un citoyen sera jugé sur la base de preuves. Nous n'innocenterons pas un coupable et nous ne condamnerons pas un innocent”, a-t-il dit. Sur le terrain, les contestataires maintenaient dimanche leur pression pour renverser le régime, en place depuis un demi-siècle. Ils ont appelé sur la page facebook de “Syrian revolution 2011”, sur le mot d'ordre “nous sommes tous des prochains martyrs”, à des “manifestations décisives” durant les dix derniers jours de Ramadhan jusqu'à la “fête de la libération”.