1ère partie Le jardin de fleurs est le refuge favori de Salima. Situé à l'arrière-cour, derrière la villa, le bruit de la rue lui parvenait étouffé. Elle a l'habitude d'y passer une bonne heure, chaque jour, pour s'y détendre. Pour penser au passé mais aussi à l'avenir. La sonnerie de la porte d'entrée lui parvient. Elle se presse d'enlever ses gants, pour aller ouvrir. Ce n'est certainement pas son fils Karim. Ce dernier ne quitte l'école qu'à quatre heures et il n'est que deux heures. Elle se demande qui peut bien venir la voir. C'est sa voisine Zohra qui lui apporte une grande assiette recouverte de papier aluminium. -Pour une surprise, l'accueille-t-elle en s'effaçant pour la laisser entrer. Sois la bienvenue… -Merci, j'ai fait des losanges au miel et je voulais que tu prennes le café avec ! -C'est gentil…ton mari accepte que tu sortes sans voile, durant son absence ? -Ce n'est pas loin…et puis, il n'y a personne pour le lui dire ! Salima saisit l'assiette qu'elle lui tend et va la poser sur le plan de travail de la cuisine. -Allons au salon ! Zohra a un sourire d'envie en découvrant les beaux fauteuils et le canapé en cuir blanc, le guéridon en verre et le beau tapis. Des tableaux embellissent les murs. Deux grandes plantes ont été posées dans les coins du salon, près des portes-fenêtres. Salima n'a pas le temps de remarquer l'attitude de sa voisine. Elle est occupée à tirer les rideaux blancs. Lorsqu'elle se tourne vers elle, celle-ci dissimule un soupir à travers un sourire. -Tu sais, dit-elle sur le ton de la confidence, mon mari ne se fâche jamais quand je viens te voir, en son absence ! Toi et ton mari, il vous aime bien… -Mais c'est réciproque, réplique Salima. Que dirais tu de prendre du café ou du thé ?propose-t-elle. -Je ne voudrais pas te déranger… -Ce sera avec plaisir ! Salima se rend à la cuisine et se met à préparer du thé pour accompagner les gâteaux. Zohra l'y rejoint. Bien que cela ne soit pas la première fois qu'elle y met les pieds, ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle remarque combien sa cuisine est belle. Surtout sa vaisselle. -Tu as une très belle cuisine Salima, tu en as de la chance. La jeune femme le reconnaît. Elle est reconnaissante envers son beau-frère Ahmed. -Sans l'aide de mon beau-frère, on ne pourrait rien s'offrir de beau et de coûteux, il est si généreux avec nous. -C'est vrai, insiste Zohra. Sans lui, tu n'aurais pas cette villa, bien meublée, avec un beau jardin, vous seriez encore dans le bidonville ! -Hamdoullah, il a été généreux avec nous ! Et son frère le lui rend bien. Actuellement, il se rend à chaque décalage, pour s'assurer que la villa est construite au goût de son frère ! dit Salima. Il supervise tout à sa place ! Faouzi sacrifie tout son temps libre ! -Donc, dès que la villa sera terminée, Ahmed reviendra vivre ici ! C'est vrai que vous ne vous êtes jamais entendus ? Que c'est par pitié qu'il vous a aidés ? Salima qui est en train de préparer des tasses, sur un plateau, ne répond pas tout de suite. Mais la voisine poursuit, continuant à remuer un couteau dans une plaie invisible à tous… (À suivre) A. K.