En 1999 et 2003, la CNAS aura déboursé19 milliards et 30 milliards de DA au titre, respectivement, des dépenses de remboursements des médicaments. Les prévisions pour 2004 prévoient le chiffre de 36 milliards de DA ! Si ce chiffre se confirme, la CNAS se trouvera dans une situation de quasi-faillite financière, perspective évitée de justesse lors de l'exercice 2003. Cette situation financière des plus sombres pour l'équilibre financier de notre système de sécurité sociale a été donnée, jeudi dernier, à Oran lors d'une conférence entrant dans le cadre d'un cycle de formation pour les employés des CNAS à l'échelle nationale. C'est un conseiller auprès de la direction générale de la CNAS qui a fait état de cette situation, s'appuyant sur des données chiffrées rendues publiques pour la première fois. Ainsi, l'orateur précisera que ces dernières années, le taux de croissance des dépenses pour le remboursement du médicament est de 60 à 70% et que parallèlement le taux de croissance des recettes ne progresse que de 8 à 9%. Résultat, les dépenses sont supérieures aux recettes et la CNAS ne dispose même plus d'un fonds de réserve. L'intervenant poursuit ce tableau des plus sombres, en précisant que le montant des cotisations sociales est de l'ordre de 200 milliards de DA, la CNAS, qui n'en récupère que 95 milliards, devra réserver sur ce montant, 30 milliards pour le médicament, soit un tiers du montant alors que les normes de bonne “gouvernance” ne prévoient que 20%. Cette bonne gouvernance, pour céder à la mode, sous-entend une politique nationale pharmaceutique (PNP) des plus claire et surtout transparente. Deux éléments qui n'existent pas, aujourd'hui, au sein des pouvoirs publics, ce que dénoncera le conseiller du DG de la CNAS. Rejoignant en quelque sorte la position de la Snapo, l'intervenant précise que pour l'OMS, une PNP doit reposer sur trois éléments : des médicaments essentiels de qualité et à un coût modique. Or, à l'évidence, ces trois éléments ne sont pas pris en compte par les différents gouvernements qui se sont succédé ces 10 dernières années et qui, par conséquent, sont les premiers responsables de la situation catastrophique de la CNAS aujourd'hui. Les différentes sorties médiatiques du SAIP et son engagement depuis des années, l'opposant au ministère de la santé qui, dans ce dossier cumule “des prérogatives qui relèvent de plusieurs ministères”, sont là pour nous rappeler la justesse de cette analyse. Le conseiller du DG de la CNAS dira, dans cet ordre d'idée, que le comité technique de remboursement, créé il y a 7 à 8 ans, et qui a été ravivé après une longue mise en veilleuse est un comité consultatif qui, dans l'opacité totale, propose la liste des médicaments à rembourser et le taux de remboursement. Plus grave, l'intervenant rajoute que l'Algérie est le seul pays au monde à ne pas négocier les prix du médicament à l'importation, alors que même l'OMS a mis en place et à la disposition de tous les pays un état et l'évolution des prix des médicaments sur le marché international. Si pour la CNAS, les conséquences financières d'une politique des plus opaques, ne prenant pas en considération le citoyen, sont claires, c'est-à-dire la perspective de mise en faillite, sa marge de manœuvre est quasi-inexistante. Et pour cause, les vraies prérogatives qui permettraient à la CNAS de réduire la facture du médicament, lui échappent totalement. La CNAS ne peut agir que modestement sur certains points. Ainsi, tout récemment, le DG de la CNAS a annoncé des mesures : agir sur le tiers payant, qui représente une part importante des dépenses de remboursement du médicament. Mais pour agir sur ce tiers payant, en fait, il faut la mise en place d'une politique sociale et économique efficace pour lutter contre l'extension de la pauvreté, le chômage, favoriser les investissements productifs, etc. Est-ce que tout cela relève de la CNAS ? F. B.