La Sécu est, aujourd?hui, dans une situation de quasi-faillite financière. Le remboursement en médicaments lui a coûté 40 milliards de dinars en 2004, soit 6,5 milliards de dinars de plus qu?en 2003. Tayeb Louh, voulant parer au plus pressé, commence par les ordonnances de complaisance. Cinquante-deux (52) millions d'ordonnances médicales traitées en 2004 ! L?annonce faite, hier, par Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, à l'occasion d'une journée d'information autour du diabète, organisée par l'Association des diabétiques de la wilaya d'Alger au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, laisse tout le monde pantois. Car en termes clairs, cela veut dire : soit que l?Algérien tombe malade de plus en plus souvent et par conséquent débourse beaucoup d?argent pour sa santé, soit que la Cnas est devenue l?eldorado des fraudeurs sans scrupules, dont on extirpe des sommes colossales à coups d?ordonnances de complaisance. Tayeb Louh opte plutôt pour la seconde explication. Car 52 millions d?ordonnances, comptabilisées en argent, donneraient la somme de 40 milliards de dinars, soit 6,5 milliards de dinars de plus qu?en 2003. Un lourd fardeau pour une Sécu déjà au bord du gouffre et surtout mise à mal par les fraudeurs, praticiens et patients, adeptes des fausses ordonnances et par les «faux» malades chroniques qui se sont manifestés en masse depuis l?annonce de l?octroi de la fameuse carte des soins. A ceux-là, M. Louh a lancé un avertissement : «L?Etat est déterminé à lutter contre toute forme de fraude en infligeant les sanctions les plus sévères aux bénéficiaires illégaux des aides médicales et sociales destinées aux personnes atteintes de maladies chroniques.» Déjà, l?année dernière, on criait sur tous les toits que les caisses de la sécurité sociale sont dans une situation de quasi-faillite financière. On se méfiait surtout du taux de croissance des dépenses pour le remboursement du médicament, un taux qui oscille entre 60 et 70% alors que parallèlement le taux de croissance des recettes de la Cnas ne progresse que de 8 à 9% ! Que faut-il donc entreprendre pour stopper cette saignée ? Les pouvoirs publics préconisent deux remèdes : la modernisation de la sécurité sociale en introduisant l?outil informatique à grande échelle avec le développement des réseaux et une lutte implacable contre les fraudeurs démasqués. En matière d?assurance maladie, les perspectives de 2005 prévoient la mise en ?uvre de la contractualisation des relations entre le système de sécurité sociale et les établissements publics de soins. Pour preuve, la contractualisation mettra fin, à terme, au forfait hôpitaux évalué, à titre prévisionnel, à quelque 35 milliards de dinars et permettra, du coup, une meilleure maîtrise des dépenses de santé et un meilleur suivi de l?utilisation des ressources allouées au système de santé. Seront touchés de près la politique du recouvrement des cotisations, le mode de fonctionnement des caisses et enfin la politique du médicament générique pour les avantages qu?il offre en matière de prix.