la situation en matière d'équilibre financier diffère d'une caisse à l'autre. Le ministre annonce la révision de la composition des conseils d'administration et des règles de fonctionnement des caisses de sécurité sociale. «Je ne suis pas ici pour gérer mes affaires personnelles mais bien pour veiller notamment au bon déroulement des affaires de l'Etat. Il se trouve que le système national de sécurité sociale en fait partie. Cette question sera gérée en vertu des lois de la République.» Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M.Tayeb Louh s'adressait surtout «à tous ceux qui tentent de freiner la réforme du système de sécurité sociale». Le premier responsable du secteur s'est longuement attardé hier, à l'occasion d'une conférence de presse organisée au siège de la tutelle, sur cette question. La première mesure annoncée a trait «à la révision de la composition des conseils d'administration et des règles de fonctionnement des caisses de sécurité sociale». Le ministre insiste sur le fait que cela se fera «en concertation avec les partenaires». Notons que le conseil en question est présidé par l'Ugta qui est représenté par 8 membres contre 4 pour le ministère du Travail. Tayeb Louh, qui ne rate aucune occasion pour stigmatiser la gestion des caisses a tiré à boulets rouges sur la centrale syndicale notamment à propos de l'épineuse polémique relative au placement des avoirs des caisses de sécurité sociale dans la banque El Khalifa. Par ailleurs, Louh n'a donné aucun détail sur cette révision. Même si, globalement, le système dans son ensemble dégage un surplus qui a atteint les 27 milliards de dinars pour l'année 2004, il s'avère, selon les propos du ministre, que «la situation est très délicate au vu des équilibres financiers très précaires des caisses». Détail : la situation en matière d'équilibre financier diffère d'une caisse à l'autre le surplus n'a pu être enregistré que «grâce aux excédents dégagés par le régime d'assurance chômage Cnac». Il n'en est pas de même pour la Cnas dont l'excédent n'a pu dépasser le seuil de 3,59 milliards pour 2004. Pis, le ministre affirme que ce chiffre ne va pas atteindre 0,45 milliard pour 2005. En effet, si les recettes du système de sécurité ont augmenté de 62% entre 2000 et 2004, les dépenses ont connu une hausse de 66% durant la même période. A l'origine, l'augmentation des dépenses en médicaments qui ont doublé, le forfait hôpitaux qui représente 23% des dépenses de la Cnas. «Si pour ce deuxième volet, les choses vont être plus simples avec l'entrée en vigueur du système de contractualisation d'ici 2006», le remboursement des médicaments semble poser un sérieux problème pour l'Exécutif. Parmi les mesures décidées pour arriver à réduire la facture des médicaments, autrement dit réaliser une meilleure maîtrise des équilibres financiers des caisses, M.Louh précise que l'Etat va encourager le recours aux médicaments génériques. «L'Etat est en voie de revoir la marge bénéficiaire des médicaments qui sera plus importante pour les importations et la production des génériques». Dans le même chapitre, il persiste et signe que «tous les médicaments essentiels sont remboursés». 977 médicaments sont concernés, ils étaient 897 en 2003. Ces assurances viennent à contre-courant des inquiétudes affichées par les producteurs nationaux des médicaments qui crient «à la ségrégation» en matière de politique de remboursement des médicaments qui encourage, selon eux, l'importation. Le conférencier a abordé le système du tiers payant mis en place pour faciliter l'accès au médicament pour les malades chroniques et retraités dont le nombre de bénéficiaires est de 1 million. Beaucoup de points noirs entachent ce système, précise Louh. La fraude épuise les caisses qui ont déboursé plus de 16 milliards de dinars en 2004 contre 12 milliards en 2000. En matière de retraite, Louh reconnaît que le système connaît un équilibre «très fragile qui oblige le recours quasi automatique aux excédents dégagés par la branche retraite anticipée». «Pour le moment il n'y a pas un problème majeur mais on ne sait pas si l'on est en mesure de gérer la situation à l'avenir». Afin de gérer cette question à l'avenir «le ministre insiste sur l'opportunité de créer un fonds de réserve». Une démarche, pour rappel, rejetée par la fédération des retraités qui estime que la Caisse des retraites «est en très bonne santé», en qualifiant cette décision «d'ingérence du gouvernement dans les affaires de la caisse». La Fntr exige, par ailleurs, à l'Etat de payer ses dettes qui dépassent les «50 milliards de dinars» selon les dires de son secrétaire général M. Azzi. Louh propose enfin la création d'une caisse spéciale qui sera chargée des opérations de recouvrement des créances des caisses de sécurité sociale. Une mission chapeautée actuellement par la Cnas. Dans le même chapitre, on note que les recettes des caisses proviennent essentiellement de l'administration avec 53%. La part du secteur privé ne dépasse pas les 11,6%. Quant au secteur informel, il emploie, selon Louh, 34% de l'effectif global des travailleurs.