Le monde musulman a célébré hier la nuit du Destin et en même l'anniversaire de la Révélation, car c'est en cette nuit sacrée et mémorable que le Saint Coran fut descendu d'abord du Tableau Sacré au septième ciel, au ciel le plus bas, le nôtre, avant qu'il ne soit révélé selon les circonstances sur une période de vingt-trois longues années. Les cinq premiers versets de sourate Iqra, furent justement révélés durant cette nuit qui est elle-même consacrée par une courte, mais significative sourate. La Nuit du Destin Il s'agit de sourate El Qadr de cinq versets, qui renferme succinctement une affirmation sur la révélation du Coran en cette nuit (01), une interpellation sur l'importance de cette nuit (02), suivie de la réponse (03-05), indiquant ses trois caractéristiques : elle est mieux que mille mois lunaires passés dans la dévotion à Dieu, soit une vie pleine de 83 ans, la descente de l'Ange Gabriel accompagné des anges comme pour la première fois dans la grotte de Hira apportant les premiers versets au Prophète (QSSSL) pour célébrer donc ce grand évènement divin sur terre et aussi pour la détermination, c'est aussi important pour chaque être humain, du destin de chacun durant l'année à venir. C'est pourquoi elle est célébrée par la prière, la lecture du Coran et de l'imploration. Enfin, c'est une nuit reconnaissable pour son calme et sa douceur. C'est un moment important pour s'arrêter sur la célébration de cette nuit et de la révélation du Coran, en particulier pour ce qui nous concerne la lecture et l'importance de la récitation et de la méditation. Il s'agit de relancer le débat sur les méthodes d'approche coraniques en distinguant entre celle qui encourage la réflexion, la bonne, et celle qui la tue. C'est aujourd'hui un débat d'école entre deux clans, les réformistes qui veulent honnêtement une interprétation plus adaptée à l'évolution du progrès de la science en vue de mieux faire le trait d'union avec le passé et assurer une interprétation plus judicieuse qui marie la raison et la tradition et celle qui fait abstraction de cet effort, ou qui cherche à le restreindre à sa plus simple expression en pensant que tout effort dans ce sens risquerait de porter atteinte au Livre Sacré. Pour eux, la réflexion et l'effort n'ont pas beaucoup de places. Tout a été fait à notre place par les suivants des prédécesseurs et qu'en conséquence, il n'y a plus rien à entreprendre que de suivre à la lettre leurs enseignements. Le fossé entre les deux clans va tout naturellement en s'élargissant, malheureusement à l'avantage des tenants de l'immobilisme et du repli sur soi, qui est pourtant la cause du retard de la pensée coranique et donc de la civilisation islamique et de l'état actuel des musulmans qui trouvent de la peine à se marrer à la civilisation universelle, alors qu'ils ont entre les mains la clé de leurs problèmes. L'enseignement du Coran, entre modernisme et immobilisme Il faut voir comment les propositions pourtant appuyées de repenser le Coran et d'introduire de nouvelles pédagogies sont accueillies. Superbement par le refus et le dédain laissant nos écoles baigner dans un état pour l'enseignement du Livre Saint, qui est loin de répondre aux normes et techniques modernes. Des enseignements vieux comme le temps sont reconduits avec le même geste et la même manière depuis des siècles comme si le temps s'était arrêté. Dans une telle situation, peut-on progresser et assurer la promotion de nos écoliers ? On a vu durant la décennie écoulée des versets du Coran au sens noble, confisqués par des esprits tordus et utilisés pour produire des fatwas meurtrières ou répandre la fitna entre les membres d'une même société. Voilà où nous avaient conduit l'étroitesse de l'interprétation et l'absence de méthode et d'ouverture. Lecture ascendante et lecture dormante Nos penseurs éclairés, à l'image de Malek Bennabi et de Ibn Badis, pour ne citer que les nôtres, eux qui avaient affronté un double défi, l'ignorance et la déculturation d'un côté et le colonialisme de l'autre, pensent que c'est grâce à la lecture ascendante du Coran et du hadith que la civilisation musulmane s'était développée très vite en atteignant les sommets et qu'au contraire, le déclin de cette dernière avait commencé lorsqu'on avait décidé de fermer la réflexion et de tourner en rond, laissant la place aux autres. En cette nuit mémorable, nous accueillons avec certitude l'Ange Jibril accompagné des anges comme pour la nuit qui avait vu la révélation des cinq premiers versets au Prophète (QSSSL). La question qui se pose est de savoir quel est, par exemple, le nombre de nos vaillants écoliers qui savent exactement comment sont faits au plan de l'esthétique et de la beauté ces premiers versets révélés ? et le reste des versets et des sourates qui leur sont inculqués. C'est tout juste si on leur plaque les versets en bloc dans les livres pédagogiques en leur ordonnant de les apprendre par cœur avec des explications littéraires au gré des enseignants, en les abrutissant au lieu de les initier déjà à la réflexion, à l'intelligence et l'amour de la curiosité et de l'observation. L'exemple de sourate Iqraa La vérité si simple est que l'Ange Gabriel avait ramené ce jour du septième ciel une vraie perle coranique composée de deux ordres de lecture à l'intention de notre Prophète (QSSSL) : - Le premier des deux versets porte sur la création de l'homme, se terminant tous les deux par la lettre “qa” dans une phonétique merveilleuse. - Le deuxième de trois versets sur l'instruction de l'homme en terminant par des rimes en “m”. Le reste de la sourate, une réponse avec manière à Abi Djjahl, le père de l'ignorance, est aussi une perle au plan de l'esthétique et de la beauté en trois “non”, chacun avec ses rimes propres. Pendant plusieurs siècles, on a rien vu de tout cela. On continue de ne rien voir. Que dira l'Ange Gabriel (sur lui le salut) de nous, en tournant faire son compte-rendu annuel au Seigneur ? Qu'a-t-on fait pour lire et comprendre bien le Coran pour sortir de notre sous-développement et notre dépendance et trouver notre salut ? Le débat entre la lecture saine et l'ignorance continue. Prochain article : l'exemple du père de l'exégèse : In Abbas (À suivre) S. B. Email : [email protected]