Qu'ils soient professeurs, médecins, avocats ou… chômeurs, ils sont tous unanimes à dire que 90% des vêtements qu'ils portent proviennent de la friperie. Les activités des différentes manufactures spécialisées dans l'importation de friperies, implantées dans l'ex-zone industrielle de la ville de Tébessa et qui comptent, à elles seules, 70% de la totalité existante à l'échelle nationale, ont été gelées en 2009, à la suite de la promulgation de la loi des finances complémentaires interdisant l'importation, la transformation et la vente de vêtements usagés. Cela étant, ce créneau très prisé autant par les importateurs eux-mêmes que par les citoyens, continue à occuper une grande place, bien qu'elle soit illégale, sur le marché du textile. À Tébessa, une ville millénaire devenue en l'espace de quelques années, carrefour incontournable de cette activité, une association a carrément été créée aux fins de faire barrage à toute éventualité visant à interdire l'importation du “chiffoune” qui, aujourd'hui, constitue, l'une des plus grandes filiales de contrebande dans la région. Et ces derniers viennent d'avoir gain de cause au Parlement qui a voté, en grande majorité, en faveur de la levée de l'interdiction de l'importation des habits usagés, en vigueur depuis 2009, sachant que certains députés originaires de la wilaya de Tébessa, ayant voté en faveur de l'importation de la friperie, ont une mainmise sur ce créneau juteux. Cependant, les sénateurs qui s'opposent fermement à cette proposition, comptent la contrecarrer par tous les moyens, afin de limiter les dégâts que cette activité engendre sur l'économie nationale, mais aussi sur la santé des citoyens qui, aujourd'hui, sont des millions à s'adresser aux commerçants de la friperie. Qu'ils soient professeurs, médecins, avocats ou… chômeurs, ils sont tous unanimes à dire que 90% des vêtements qu'ils portent proviennent de la friperie. “On peut s'offrir du Louis Vuitton ou encore du Ralph Loren sans se ruiner… Que demander au peuple !!”, nous dira un jeune chômeur qui, pourtant, n'a aucune idée de l'histoire de ces deux marques, pourvu qu'elles en soient et qu'il puisse se pavaner, avec, devant ses potes. Mais si l'importation des habits usagés était interdite depuis 2009. d'où et comment est-elle introduite sur le territoire national ? C'est à la frontière algéro-tunisienne, précisément à la bande frontalière de Bouchebka jusqu'à Bir El-Ater que tout se passe. Il va sans dire qu'après la promulgation, en 2009, de la loi interdisant l'importation de la friperie des pays comme l'Italie, la France ou encore la Grande-Bretagne, la Tunisie est, depuis, devenue le premier sinon le seul pays fournisseur de l'Algérie. “Certains importateurs échangent du carburant contre des milliers de ballots de friperie, pesant jusqu'à 50 kilos et cédé chacun à hauteur de 2 euros. Ils sont, par la suite, acheminés vers la ville de Tébessa, mais aussi vers d'autres wilayas du pays et vendus au détail, sans aucun contrôle”, nous dit-on. Aussi, de l'avis de certains commerçants de gros de la friperie, avec la levée de la loi qui interdit son importation, l'activité sera soumise à un contrôle régulier, notamment au niveau des douanes, confortées par les services d'hygiène, car il ne faut pas perdre de vue que les habits usés peuvent véhiculer des maladies contagieuses. Ils sont unanimes aussi à dire que même si elle est interdite, il y aura toujours un moyen de l'introduire sur le territoire national, car elle est devenue partie intégrante de la vie des Algériens, de tous les jours.