L'importation de vêtements usagés n'est plus interdite. Un amendement introduit dans la loi de finances complémentaire pour 2011 pour autoriser cette activité. L'amendement qui a été adopté a été soumis par quatre députés. L'uns des motifs avancé pour justifier cette décision est lié aux emplois crées par l'importation, le commerce et la distribution de la friperie et qui serait au nombre de 15000. Selon une source proche du secteur du textile, le ministre des finances Karim Djoudi aurait été contre cette décision en évoquant les conséquences que cela impliquerait pour l'industrie nationale du textile au moment où le gouvernement tente d'insuffler une nouvelle dynamique pour ce secteur. Il a aussi rappelé que le non respect de certaines règles d'hygiène peut être à l'origine de problèmes de santé publique. Son plaidoyer n'a vraisemblablement pas convaincu puisque l'amendement en question a été accepté. Seule l'importation de chaussures a été exclue. Les vêtements usagés seront dédouanés conformément à la position tarifaire 69-09. L'importation ne pourra se faire qu'à travers les infrastructures portuaires. En d'autres termes, les transports aérien et maritime ne sont pas autorisés à transférer ce genre de marchandises. Les entreprises du secteur du textile sont dans tous leurs états estimant que le parlement a donné le feu vert à un concurrent déloyal. Ils estiment que les services de douanes n'ont pas les moyens nécessaires pour contrôler ces vêtements qui présentent dans certains cas un risque certain pour la santé. Si le retour de la friperie fait ressortir de ses gonds les entreprises de l'industrie du textile, il n'en est pas de même de ceux qui ont longtemps profité de la misère de certaines catégories de la société pour s'enrichir ostensiblement. Certains marchés populaires se sont spécialisés dans ce commerce. Les locaux de ces magasins sont bien achalandés: sous-vêtements, lingerie, pulls, pantalons, jupes, robes et même linges de maison et articles de maroquineries. Certains préfèrent le doux euphémisme de «stocks américains» au terme friperie. La fripe reste cependant dans l'imaginaire populaire un signe extérieur de pauvreté. Selon certaines estimations, le nombre d'importateurs de friperie est de 146 et celui des fripiers grossistes serait de 3000. Avant son interdiction, l'importation de friperie se chiffrait à 13 millions de dollars. Cette activité prenait de plus en plus de l'ampleur. En 2006, le volume de friperie importée était de 22,67 tonnes pour un montant de 4,69 millions de dollars, contre 23,4 tonnes en 2005 pour 5,37 millions de dollars. Autant dire que c'est un marché juteux. Les barons de cette activité se frottent d'ores et déjà les mains. Leur lobbying a donné des fruits. Durant la période où la friperie était prohibée, ils arrivaient à approvisionner le marché grâce à la contrebande et au marché informel. Désormais, ils pourront le faire par des circuits légaux.