Djamel Allam était jeudi soir l'hôte de la ville de Tizi Ouzou où il a animé un gala artistique dans le cadre des activités culturelles ramadhanesques qu'organise la maison de la culture de Tizi Ouzou, un concert animé sous la houlette du mæstro Bazou. Malgré un rhume qui lui grattait la gorge, Djamel Allam, toujours fidèle à son public, avait chanté malgré cet imprévu. Il a été accompagné en chœur par l'assistance qui a chanté sans répit avec lui Attir El Kefs, Gatlatou, Le youyou des anges …, cette dernière, une chanson du feu Farid Ali est un hommage rendu aux martyrs de la première heure. “Dommage que beaucoup de jeunes croient encore qu'Amirouche, Ben M'hidi et les autres ne sont que des noms donnés à des boulevards !” Djamel Allam avait aussi chanté Djawhera, une très belle chanson écrite par Kamel Hamadi et Awid Affusim, donne moi ta main, le titre d'une autre chanson écrite par Djamel Allam lui-même où il rend hommage à ses amis et frères morts durant les années de braise. Emouvant moment de mémoire et un regard porté sur une classe intellectuelle emportée par un tsunami, un trou noir qui ne cesse encore d'engloutir des hommes et des femmes innocents. “Qui parmi nous n'a pas perdu un proche ou un ami. Cette chanson est voulue comme un hommage à mes amis musiciens, journalistes…, morts durant les années noires. Une chanson d'espoir et d'union”, dira cet artiste auteur de Mawloud, le titre d'un album qui est un douloureux témoignage sur les événements d'Octobre 88. Durant son gala, il fut également accompagné par le fils du cheikh Bouzouzo, auteur de la chanson Ya Belaredj, chantée par Fadila Dziria et par Mounia Aït Meddour, une jeune choriste également comédienne au théâtre régional de Béjaïa. Une fille à la voix d'or qui avait majestueusement interprété des textes du regretté Dahmane El Harrachi comme Ya l'hadjla, et le succès international Ya rayeh. Djamel Allam avait partagé avec son public plus de trente années de chansons. Auteur compositeur, cet homme fait sa première scène en 1973 à la salle El Mougar. Entre 1978 et 1985, il sort trois albums, Le rêve du vent, en 1978, Si Slimane, en 1981 qui a été récompensé par le premier prix de l'ACEM et le prix de la jeune chanson internationale et Salimo en 1985. Vient ensuite une longue série de productions entre 1990 et 2009, avec notamment Le chant des sources en 1990, Gouraya en 2001 et le Youyou des anges en 2008. Témoin de son temps, il chante à sa façon l'espoir et l'amour qu'il porte à la patrie et à ceux qui y vivent dans la douleur. À Tizi Ouzou, le public était nombreux à ce concert, chantant et dansant, on n'arrêtait pas de lui demander des titres vieux de 20 ans. À travers son répertoire, c'est le voyage dans une mémoire, celle d'un homme et d'un pays qui a été revisitée par la chanson. Ce gala de Djamel Allam fut suivi par une entrée en lumière de Zayen qui a égayé le public avec son riche répertoire.