Pendant une durée de 40 minutes, le public du Théâtre régional de Batna a suivi le monologue intitulé Moukabalat el-houkam (La rencontre des arbitres ou des sages), une production de la Coopérative de l'atelier des arts El-Bahia d'Oran. Ecrit par Lotfi Bensbâa et mis en scène et interpreté par El-Hani Mohamed Djahid, le monologue a exposé devant le public des arguments relatifs à la recherche d'une solution au phénomène de la spirale de la violence dans les stades de football, tout en tentant d'examiner tour à tour les données du problème avant de choisir une issue. Le monologuiste El-Hani Mohamed Djahid, habillé en arbitre, raconte sur un ton pathétique et comique les événements fâcheux qu'il a vécus lors de l'arbitrage d'un match de football en sifflant un pénalty qui contrarie l'ambition de l'équipe locale et qui sert l'équipe visiteuse. Il reprend, sans parole, la sévère correction qu'il a reçue sur le terrain par les joueurs de l'équipe locale perdante, avant d'amorcer un retour en arrière et nous dépeindre gestes et faits, les insultes, les menaces et cette grêle de coups de poing, coups de pied et coups de tête qu'il a reçus. Il nous mène au commissariat pour montrer les supporters agresseurs menottés des deux mains et enchaînés, regrettant leurs gestes. Puis il nous transporte dans le stade, et plus précisément dans les tribunes, pour nous faire écouter les chansons agressives à l'exemple de Rabhine katlinkoum, khasrine katlinkoum (si on gagne on vous tue, si on perd on vous tue). Ensuite, le monologuiste est revenu à la scène d'agression sur le terrain, causée par un pénalty. Le monologue Moukabalat el-houkam est du type délibératif. Il nous présente plusieurs scènes de violence lors d'une partie de football dans la recherche d'une solution à ce mal qui est en train de détruire les mœurs de la société et de tuer l'esprit fairplay du football. Il nous confronte dans un dilemme aux thèses contradictoires. Le personnage de l'arbitre nous mène un véritable débat avant de laisser le public décider du parti à prendre. Le monologuiste a essayé d'exagérer certaines scènes pour faire rire les spectateurs. Le discours est difficile à segmenter en unités claires et progressives. Le désarroi du personnage s'exprime par des sautes incessantes d'humeur, qui tiennent déjà de la fureur. Les interrogatives et les exclamatives, fort abondantes, le rythme souvent haché des phrases contribuent à peindre les atermoiements de l'arbitre encore sous le choc de ce qu'il a vécu dans le stade, pour faire prendre conscience au spectateur de la gravité du phénomène de la violence qui est en train de prendre de l'ampleur.