Une foule nombreuse. Prestance, présence et charisme, la diva de la chanson raï a essoufflé un public en admiration devant tant de punch. Elle a clôturé en apothéose les soirées artistiques et musicales de Khaïmetkoum chez Djezzy (organisée par BroShing Events). Elle a relevé le défi, qui ne l'était pour elle de faire danser et suer le public nombreux. Ils étaient plusieurs centaines à venir en masse assister au concert de celle que l'on nomme “la Mamie du raï” Chikha Zahouania. Ce n'était ni la chaleur accablante et étouffante ni le taux élevé d'humidité qui avaient freiné l'engouement de ces jeunes, des inconditionnels fans de l'artiste. Ils attendaient patiemment pour certains, impatiemment pour d'autres le début du concert. La plupart étaient affalés sur des carrés d'éponge – inconfortables au passage –, tels des pachas qui sirotant un thé, qui dégustant de la pâtisserie traditionnelle, qui fumant du narguilé. Des éclats de rires et des voix emplissaient la kheima. D'autres figeaient à jamais des souvenirs, en prenant des photos. Une ambiance bon enfant. Au fond de la salle, sur la scène dressée, des musiciens prennent place. Ils interprètent, en instrumental, l'un des plus grands succès de la chanson oranaise moderne H'mama de grand maître Blaoui El-Houari. Des notes qui sonnent comme le gong annonçant le début d'un événement. Des coulisses, la voix de Zahouania fuse. Elle débute avec un “istikhbar”, une mise en bouche augurant de ce qui attend cette foule en délire. Car à peine la scène foulée que l'assistance acclame et ovationne celle qu'ils sont venus voir, écouter et surtout apprécier. L'avant-scène est envahie par ces jeunes qui s'agglutinent comme des abeilles autour d'un pot de miel. C'est avec un sourire aux lèvres qu'elle gratifie son public algérois, avec lequel d'ailleurs elle entretient une osmose tout au long de la soirée, ne cessant de le titiller, de le provoquer pour plus d'amusement… Après Ella l'guitah, c'est son fameux succès qui l'a fait connaître dans toute l'Algérie, et même au-delà des frontières : Bouderbala. S'ensuit ensuite une succession de chansons, tous des tubes ancrés dans le mental et la mémoire musicale collective des Algériens. C'est le délire. Les présents chantent avec elle. Ils connaissent ses chansons sur le bout des doigts. C'est dire la popularité dont jouit la diva du raï auprès des jeunes, mais des moins jeunes également. Avec Werrili win rak tourgoud, c'est l'explosion. Tout le monde se déchaîne, danse… En un mot se défoule. “Le public veut la liberté”, lançait Chikha Zahouania à l'adresse de l'assistance. Une phrase lourde de sens, revenant comme un leitmotiv tout au long du concert. Elle a interprété son répertoire, celui de la chanson raï, faisant entre autres dans les reprises, rendant hommage à sa manière à certains noms de ce genre musical, à savoir Chikha Rimiti en reprenant son succès Ana oua ghzali, Cheb Khaled… Elégante, gracieuse, évoluant à l'aise sur scène, communiquant avec le public, sachant le tenir en haleine, elle a été bissée. Elle revient sur scène pour un autre tour de chant, mettant encore plus le feu. Le concert s'achève aux environs de 1h du matin, laissant les présents sur leur faim, car ils redemandaient.