Les élèves des quelque 117 établissements scolaires du moyen et du secondaire vont se voir appliquer, dans quelques jours, des horaires continus pour cette rentrée scolaire 2011/2012. Une situation qui n'est guère du goût de beaucoup de parents, d'enseignants et de syndicats qui prédisent “une opération catastrophe”. Voulu fortement par le wali d'Oran, qui a entraîné avec lui l'administration et une fédération nationale des parents d'élèves décrédibilisée depuis longtemps, ce système d'horaire continu, de 8 h à 14h30 avec une pause déjeuner d'une demi-heure, pose plus de problèmes qu'il n'en résout. La première crainte, du côté parental, concerne les conditions de restauration de leurs enfants. Les cantines scolaires sont une vraie catastrophe sur tous les plans, avec des budgets qui n'ont jamais pu assurer le minimum de qualité et d'équilibre alimentaire. Et la situation ne sera guère mieux, malgré les 1 830 millions de DA alloués pour cette opération pilote, entre autres, pour équiper les établissements et aménager des réfectoires. D'ailleurs, conscient de l'incapacité à assurer la restauration pour tous les élèves, y compris aux enseignants, durant une demi-heure, le wali d'Oran avait déjà pris les devants en déclarant : “Nous n'allons pas nourrir les élèves, il n'en est pas question. Il y aura des en-cas juste pour calmer la faim, nous ne sommes pas là pour assurer des repas”. Ce qui fera réagir certains enseignants syndicalistes du secondaire : “On met en place un système qu'on annonce par avance comme étant une réussite sans se donner les moyens devant accompagner ce système. À quoi bon ?” . Pour les parents, la chose est grave : “Comment parler ainsi d'en-cas, ils vont leur donner du pain et du fromage en portion même en hiver ? Ou bien les élèves vont devoir ramener de chez eux chaque jour leur repas ; et les élèves qui ont des allergies alimentaires, ils en font quoi ? L'on se moque de nous et de nos enfants”, peste une mère de famille. De même, la question de la réorganisation des programmes, la surcharge des matières, la durée de l'unité de cours et tous les aspects pédagogiques devant suivre impérativement la mise en place des horaires continus, sont aussi mis en avant par les réfractaires à ce nouveau système. Un membre du CLA nous fait remarquer que “le wali assure que ce système sera une réussite comme à Constantine, son ancien poste où il avait déjà appliqué les horaires continus, regardez comment se classe Constantine en matière de résultat ! où est la réussite ? Nous assistons à une fuite en avant, l'on se lance dans des réformes sans concertation avec les spécialistes et tous les acteurs de l'éducation et surtout sans dresser de bilan des années précédentes. Nous allons à la catastrophe”. Concernant toujours les implications de ce réaménagement scolaire, c'est un médecin, père d'un élève de deuxième année secondaire, qui nous fait remarquer également : “Avec ce système, les élèves devront prendre avec eux l'ensemble des livres et cahiers pour toute la journée, imaginez des cartables qui pèseront plus de 7 kg qu'ils devront supporter, et je connais des élèves qui doivent prendre deux bus pour rallier leurs lycées, à force ils vont avoir des problèmes de dos sans compter la fatigue. Est-ce qu'ils y ont pensé ?” Le comble a été atteint lorsque des responsables locaux ont mis en avant l'argumentaire suivant : “Ce système est appliqué avec succès dans les pays anglo-saxons et nordiques”. Mais, voilà, l'Algérie ne sera jamais la Suède ni le Canada.