A la veille de la rentrée scolaire, parents et élèves s'activent pour fignoler les derniers détails, et éviter ainsi tout désagrément de dernière minute. Certains d'entre eux ont déjà eu la bonne idée d'acheter les fournitures scolaires dans le but d'éviter les bousculades qui caractérisent les premiers jours de la rentrée. Mais la hantise de cette année scolaire réside en la séance unique, qui devrait être appliquée exclusivement au niveau de Constantine, choisie comme wilaya pilote pour tester une nouvelle approche de l'éducation, concernant les horaires. Pour rappel, nos potaches, du primaire au secondaire devront, du moins en théorie, recevoir les cours de 8 h du matin à 14 h non-stop, avec à midi, une pause-déjeuner d'une demi-heure. « Cela permettra aux élèves de disposer pleinement de leur après-midi pour se consacrer à des occupations ludiques ou sportives », devait déclarer le wali le jour de l'annonce de l'horaire spécial, il y a quelques mois. Mais pour ce faire, toutes les institutions éducationnelles, de l'école au lycée, devraient pouvoir disposer d'infrastructures, telles les réfectoires, et toutes leurs dépendances, ce qui n'est pas le cas de la majorité des établissements scolaires. Cette décision d'imposer un horaire unique, qui a été applaudie par certains cadres de l'éducation, est loin de faire l'unanimité chez les enseignants et les responsables comme les proviseurs et autres directeurs d'établissements. L'un d'eux nous dira à ce propos : « Je veux bien de cet horaire unique, mais avec les programmes actuels, il est quasiment impossible de se satisfaire de cinq heures de cours par jour. Le problème des cantines et réfectoires peut être résolu, mais celui du volume horaire reste entier. La présence de l'élève, six heures par jour dans une institution, avec une heure consacrée à la restauration et au repos ne peut suffire à prodiguer un programme prévu pour des horaires quotidiens de sept heures pleines, la plupart du temps. Nous allons vers une catastrophe, car les programmes ne seront jamais achevés à temps ». Le même sentiment transparaît, comme nous l'avons souligné plus haut, chez l'écrasante majorité du personnel de l'enseignement présente à une réunion de l'éducation cette semaine. Mais comme l'air du temps recommande à cette même majorité de regarder ailleurs quand des « oukases sont pondus », enseignants et responsables se contentent de maugréer, sans plus, sachant pertinemment qu'ils vont directement vers une quadrature du cercle. Néanmoins, le silence radio des syndicats des personnels de l'éducation, d'habitude prompts à réagir à la moindre décision de la tutelle, ainsi qu'à celle de l'association des parents d'élèves, a laissé perplexe plus d'un : sont-ils d'accord avec ce nouveau procédé d'enseignement, ou seraient-ils entrain d'aiguiser leurs plumes pour mieux s'opposer à l'horaire continu ? Aucun membre d'un quelconque syndicat n'a pu éclairer notre lanterne, puisque apparemment, la politique du « wait and se » est la seule préconisée pour l'instant.