L'annonce, hier matin, lors d'un point de presse au siège de l'UGCAA, d'une grève générale des transports en commun et des taxis, avait tout d'un ultimatum lancé conjointement par les deux fédérations affiliées à l'UGCAA, celles des taxis et des transports des voyageurs et des marchandises, associées, pour l'occasion, au Syndicat national des transporteurs algériens (Unat). Officialisant la création d'une coordination les regroupant, cette énième menace de grève prévue au lendemain de la rentrée des classes a été justifiée par ces organisations par “l'anarchie du secteur des transports à Oran, résultat d'une fuite en avant de la Direction des transports et d'une gestion catastrophique avec le choix délibéré de marginaliser les organisations professionnels”, ont déclaré les représentants des syndicats des transporteurs. Ces derniers n'ont cessé de se positionner en tant que “victimes” de l'inconséquence des pouvoirs publics à l'endroit d'une “vraie politique des transports en commun dans la capitale de l'Ouest”, engendrant du coup “une anarchie qui met en danger le secteur des transports”, ont-ils déclaré. Au volet des dysfonctionnements, les deux fédérations évoquent la non-prise en considération de leurs propositions depuis des années pour un nouveau plan de circulation, la réorganisation des lignes de transport en commun intra-muros en corrélation avec l'avancement des travaux du tramway, la gestion des gares routières interwilayas, les cahiers des charges, le blocage de 600 licences de taxi, la mise en veilleuse des commissions techniques. Ces derniers iront loin jusqu'à récuser toutes les critiques les visant directement pour les abus répétés des transporteurs et leurs employés, notamment les chauffeurs et receveurs de bus. Ces derniers “sous l'injonction de leurs employeurs” ne répondent qu'à la seule éthique “du gain maximum” au détriment de la sécurité des usagers traités souvent de manière grossière allant parfois jusqu'à la violence. Les usagers pris en étau entre une administration absente et “la loi” des transporteurs subissent quotidiennement des situations révoltantes comme par exemple “se faire débarquer manu militari” du bus avant le terminus, contraint de supporter les changements de trajet intempestif du chauffeur sans compter la saleté répugnante des bus, la musique assourdissante et les arrêts prolongés jusqu'à 20 mn parfois. Sur tous ces points et bien d'autres encore, les organisations professionnelles se disent presque non concernées, se cachant derrière une administration qui, de leur point de vue, doit se charger de contrôler et sanctionner ces abus oubliant au passage leurs responsabilités quant à développer une culture de service public auprès de leurs employés. Mais ce qui se joue en filigrane dans cette menace de grève est encore la question des tarifs des transports en commun, le soutien de l'Etat pour le carburant, les équipements, la concurrence à venir des quelque 700 agréments octroyés par l'Ansej et donc surtout la survie de nombre d'acteurs du transport se sentant menacés par la perspective du tramway. Sa mise en service, dont la date n'a pas encore été fixée à Oran, va immanquablement redessiner la carte du secteur des transports en commun à Oran. Mais pour les usagers, c'est encore des moments difficiles qui s'annoncent pour cette rentrée sociale.