Un câble publié par WikiLeaks rapporte comment, en prévision de l'élection présidentielle du 9 avril 2009, l'establishment politique algérien faisait face au grave défi de “convaincre les Algériens de voter”. Le professeur, Ali Mabroukine, confiait en janvier que “le gouvernement est pleinement conscient du manque d'intérêt que les Algériens portent à la politique. Ce qui expliquera la forte inquiétude pour le rendez-vous du mois d'avril”. En 2007, il a affirmé que pour les élections législatives, “moins de 20% des électeurs inscrits ont voté”. Le phénomène n'est pas seulement répandu en ville mais dans les zones rurales également. Les officiels ont le souci de contourner l'apathie des électeurs et réaliser le vœu émis par Bouteflika, le 12 février : être réélu par “une écrasante majorité de la population”. “Un cadre moyen nous dit que pour la première fois, le ministère a créé une cellule spéciale chargée d'élaborer un plan de bataille pour l'élection. L'objectif global de la stratégie sera basé sur la participation croissante et l'intérêt du public, avec un accent sur l'accroissement du nombre d'électeurs inscrits”. De fait, le nombre d'électeurs inscrits passe à 18, puis à 20 millions. Le président du comité de compagne a annoncé le 23 février avoir collecté 4 millions de signatures pour la candidature du président de la République. Abdelaziz Belkhadem, un haut responsable algérien, suggère en février dans une interview télévisée que “plus de 65% de participation reflétera un niveau aussi élevé, ou plus, que celui qu'on observe dans les pays occidentaux”. En mars, il revient sur la question en proclamant que “85% serait un niveau réaliste”. Le ministère de l'Intérieur adopte une approche multiforme : la révision des listes électorales ainsi que la facilitation de l'inscription sur les registres et compagne pour susciter un multinationalisme électoral. Ce dernier mène également une compagne d'affiches, de flashes télévisés, d'annonces radio afin d'inciter les Algériens à “exercer leur droit et leur devoir” de voter, tout en promettant de bonnes conditions d'inscription et de vote. Les trois opérateurs de téléphonie ont envoyé des SMS pour inciter leurs clients à voter. Le ministère des Affaires religieuses a également instruit les imams afin d'appeler les fidèles à voter, arguant du fait que “l'abstention serait contraire aux valeurs islamiques”. Promesses et largesses Un câble de l'ambassade des Etats-Unis note qu'une série de promesses et de généreuses initiatives visent à concrétiser l'effort de l'administration pour attirer les électeurs. En plus des 150 milliards de dollars de programme pour la croissance, les étudiants bénéficient d'une augmentation de 50% du montant de la bourse universitaire et les agriculteurs de l'effacement de leurs dettes. Aux travailleurs, Bouteflika promet le 24 février à Arzew qu'il augmentera le SNMG : “Si je suis élu.” Dans ses différentes interventions, le Président évoque la création de deux millions de postes d'emploi et la valorisation de rôle de la femme dans les institutions. En 2009, pour Bouteflika, l'enjeu était moins d'être élu que de se garantir un minimum de participation.