L'information est passée presque inaperçue et n'a sans doute pas suscité toute l'importance nécessaire mais la création par la FAF de la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) mérite qu'on s'y attarde au regard au rôle névralgique que doit jouer cette structure dans le processus de professionnalisation du sport roi en Algérie. Comme l'indique clairement sa dénomination, il s'agit d'une direction directement rattachée à la FAF et à la LFP, chargée principalement de surveiller les comptes des clubs professionnels. Ce que ne dit pas, du moins explicitement, le communiqué du bureau fédéral de la FAFqui annonce la création de la DNCG, puisque la Fédération préfère un langage plus diplomatique : “La DNCG aidera les clubs à mettre en place la meilleure organisation comptable et financière. Elle agira également en tant que conseil pour l'organisation juridique et administrative des clubs professionnels. Elle s'assurera de la mobilisation des moyens financiers par les clubs, pour leur participation aux différentes compétitions et aux aspects des engagements financiers à l'égard des tiers et notamment les joueurs. Elle veillera à l'application de la transparence de la gestion financière et au fair-play financier”. Le modèle est du reste calqué sur une direction qui existe déjà au sein de la Fédération française de football, avec la même appellation et sans doute la même réglementation. C'est un organe, comme le suppose sa dénomination, qui a le pouvoir de prendre des mesures découlant de l'examen de la situation administrative et financière des clubs. Des sanctions, qui peuvent, selon la page Wikipedia consacrée à ce sujet, aller jusqu'à “une interdiction partielle ou totale de recruter de nouveaux joueurs, un recrutement contrôlé avec limitation du budget prévisionnel ou de la masse salariale prévisionnelle, les contrats des joueurs devant alors être homologués par la DNCG, ou une limitation du nombre de joueurs du club pouvant être mutés dans l'équipe première. Pis encore, une rétrogradation en division inférieure, une interdiction d'accession en division supérieure, ou une exclusion des compétitions”. La DNCG, c'est quoi au juste ? Autrement dit, si un club accumule des dettes vis-à-vis des joueurs ou des entraîneurs par exemple ou présente des bilans déficitaires, il peut en effet s'exposer aux sanctions citées plus haut. D'ailleurs, si le contrôle de la DNCG devait se faire tout de suite au sein de la L1 et de la L2, tous les clubs professionels seraient relégués y compris le club du richissime Ali Haddad, déficitaire à hauteur de 14 milliards de centimes, à en croire les informations recueillies à l'issue de l'assemblé des actionnaires. Les clubs professionnels de Ligue 1 et de Ligue 2 feront donc tous l'objet, à chaque saison, d'un contrôle de leurs situations juridique et financière par la Commission de contrôle des cubs professionnels de la Direction nationale du contrôle de gestion. Selon toujours Wikipedia, “la DNCG a pour principal objectif d'assurer la pérennité et l'équité des compétitions, en vérifiant notamment que les investissements sportifs des clubs n'excèdent pas leurs capacités financières. Cette appréciation se fait à partir des données financières, historiques et prévisionnelles, communiquées par les clubs. La Commission rappelle ainsi l'importance de l'existence, au niveau des clubs, d'un système comptable et de contrôle interne efficient, d'un contrôle de gestion adapté au secteur d'activité et d'un processus structuré de prévision. Ce dispositif est placé sous le contrôle des commissaires aux comptes des clubs. En fait, ce sont les dirigeants des clubs qui ont la responsabilité des informations communiquées à la Commission. La DNCG n'a pas pour mission d'auditer les comptes des clubs au sens où peut le faire un commissaire aux comptes, elle n'en a d'ailleurs pas les moyens juridiques et matériels. Sa mission principale est de contrôler la situation juridique et financière des clubs. Elle s'intéresse à ce titre à la sincérité des informations qui lui sont fournies (et donc à la fiabilité des comptes), mais n'a pas pour mission de les certifier ou de les attester. L'objet de ses contrôles sur pièces et de ses auditions n'est donc pas d'identifier d'éventuelles erreurs et/ou fraudes comptables, mission d'une toute autre nature que la DNCG ne serait pas à même d'assumer en l'état actuel des procédures. Elle peut toutefois ponctuellement constater des irrégularités dans l'exercice de ses missions et transmettre alors ces informations aux organes compétents, lorsqu'elle ne l'est pas elle-même”. Logiquement donc, et conformément aux prérogatives de la DNCG, l'opinion publique aura le droit, enfin, de connaître la vérité sur les comptes des clubs, entourés, depuis toujours, d'opacité, les dirigeants des clubs n'ayant jamais communiqué à ce propos. Un sujet devenu tabou et qui ouvre la voie à toutes les malversations. La DNCG, présidée par M. Mohamed Mecherara, un expert financier reconnu, et vice-président de la FAF, va-t-elle donc bousculer les habitudes et pousser les clubs à la transparence sachant que sa direction est tenue à chaque saison, comme c'est le cas en France, de rendre public un rapport annuel des comptes individuels des clubs professionnels et établir le cas échéant même un classement sur les bons élèves, les moins bons, les moyens et les cancres ? La Direction de Mecherara ira-t-elle jusqu'à assumer les éventuelles sanctions envisagées plus haut ? Attendons pour voir !