Les effets des soulèvements démocratiques et des transitions en cours sont perceptibles sur la tendance des investissements directs étrangers (IDE) et des partenariats qui s'établissent au sud de la Méditerranée au premier semestre 2011, relève l'observatoire Anima-Mipo des annonces d'investissement et de partenariat en méditerranée. La chute des projets annoncés est importante en Tunisie, égypte, Libye, Syrie, Liban et Jordanie, qui reviennent à des niveaux connus au premier semestre 2009, au début de la récession internationale. “En Algérie, les annonces d'investissements sont stables en nombre de projets après le très médiocre bilan 2010, même si elles augmentent en montants grâce au mégaprojet de parc urbain de l'émirati EIIC, qui reçoit finalement le feu vert gouvernemental, et aux nouveaux investissements du géant de l'acier ArcelorMittal dans le complexe d'El-Hadjar”, relève l'observatoire Anima-Mipo estimant, cependant, que les investisseurs tardent à reprendre pied en Algérie. La situation de notre pays est meilleure en matière de projets de partenariat. L'observatoire Anima-Mipo a détecté 11 projets en 6 mois, “autant que pour toute l'année 2010”. Selon l'observatoire, soutenu par le projet Invest in Med, le nombre d'annonces de projets d'IDE dans les pays MED diminue de 23% par rapport au rythme 2010, avec 322 projets détectés au cours des six premiers mois 2011, contre 838 au total en 2010, et 430 au S1/2010. La baisse est légèrement moins marquée en termes de montants d'IDE annoncés : 15,2 milliards d'euros annoncés contre 38 au total pour 2010, et 14,5 milliards au premier semestre 2010. Les projets de partenariats d'entreprises connaissent un déclin encore plus net : -38% avec 159 projets détectés au premier semestre 2011 contre 255 à la même période de 2010 (et 513 pour toute l'année 2010). Comme on pouvait s'y attendre, la Tunisie et l'égypte connaissent des baisses sévères du nombre d'annonces d'IDE au premier semestre 2011 : environ -40%. Les montants annoncés ne diminuent cependant pas en Tunisie grâce aux investisseurs du secteur des hydrocarbures qui continue d'affluer, comme l'autrichien OMV, le britannique BG et l'italien ENI. Les derniers chiffres publiés par l'Agence de promotion de l'investissement extérieur “Fipa-Tunisia” montrent toutefois que la situation tend à s'améliorer au mois de juillet 2011. En égypte, après plusieurs mois de quasi-gel des annonces d'IDE, un début d'embellie semble également à l'ordre du jour : 10 projets d'annonces d'IDE ont été détectés pour le seul mois de juin 2011. Sans surprise non plus, aucun projet d'IDE n'a, en revanche, été détecté en Libye depuis mi-janvier 2011 avec la prise de participation de la qatar national bank dans la Banque libyenne du commerce et du développement. En Syrie, où les vagues de répression se poursuivent depuis le début de la contestation en mars 2011, la situation est analogue : baisse d'environ 80% des annonces d'IDE en nombre de projets comme en montants au premier semestre 2011 par rapport au premier semestre 2010. “Le contexte politique régional pèse, par ailleurs, lourdement sur l'attractivité de la Jordanie et du Liban”, indique Anima. En Jordanie, les IDE baissent d'environ 60%, tandis qu'au Liban ils diminuent de 40%. Ces six pays connaissent également une chute du nombre de partenariats supérieure à 50%. “Elle constitue un signal sans appel de l'impact des révolutions et des troubles politiques qui secouent les pays arabes méditerranéens. C'est, en effet, le premier recul dans l'évolution des partenariats constaté par l'observatoire Anima-Mipo depuis 2003, alors que les partenariats avaient, chaque année, séduit un nombre grandissant d'investisseurs étrangers dans la région, même au plus fort de la crise économique, en 2008 et 2009”, affirme Anima-Mipo. Le Maroc se démarque des autres pays du Maghreb et du Machreq en enregistrant la seule hausse significative du nombre de projets d'IDE au premier semestre 2011 (+23% par rapport à la même période 2010). Le pays conserve la confiance des investisseurs et se place juste derrière la Turquie et Israël en nombre de projets détectés, confirmant ainsi la dynamique plutôt encourageante enregistrée en 2010. Les montants restent néanmoins toujours nettement en deçà des niveaux d'avant-crise, avec tout juste 500 millions d'euros annoncés entre le 1er janvier et le 30 juin 2011.