L'investissement prévu qui s'élève à 16,7 milliards de dinars va permettre, selon le P-DG du groupe, de tripler son chiffre d'affaires et de doubler sa capacité de production. Actuellement Saidal, c'est quelque 135 millions d'unités de vente. Un chiffre d'affaires de l'ordre de 13 milliards de dinars pour 2011 et une part du marché estimée entre 15 et 20% en volume et oscillant entre 7 et 8% en valeurs. La stratégie de développement du groupe s'articule autour de la réalisation de quatre usines de générique, de l'extension de la capacité de production de l'usine d'insuline de Constantine, la création de deux unités, une de médicaments d'oncologie et l'autre de pure technologie et la modernisation de 4 autres sites. Saidal espère, à travers ces investissements, une diversification de la gamme de produits, une bonne couverture de la demande locale dans les différentes formes d'insuline, la promotion de l'axe de recherche et développement en relation avec les pôles universitaires et partenaires étrangers et une ouverture à la biotechnologie et l'oncologie. Au terme du plan quinquennal, le groupe prétend atteindre 50% en volume et 25% en valeur du marché national, jusqu'à contribuer dans une large part à couvrir peu à peu 70% de la demande locale en médicaments. L'un des défis de Saidal est de conquérir le marché de l'insuline, de l'ordre de 120 millions d'euros. Sa part demeure pour l'instant très modeste. Elle est de 7%. Une fois la modernisation de l'usine d'insuline de Constantine achevée, le groupe pense pouvoir occuper une position prépondérante. De combien ? “On est en négociation et quand on signera notre accord de partenariat, on pourra en parler. On s'est tenu à une règle de confidentialité”, répond le premier responsable de ce groupe pharmaceutique. Les objectifs de ce plan d'investissement seront-ils tous atteints dans les délais ? M. Derkaoui est optimiste. “Nous avons pratiquement bouclé à 70% toutes les études nécessaires et nous allons lancer la réalisation des deux premières nouvelles unités à la fin de l'année en cours. Il y a un pôle qui va être ici à Alger et sa périphérie. Dans la capitale, tout va être concentré entre Dar El-Beïda, Oued-Smar et El-Harrach.” Selon lui, arriver dans quelques années à couvrir 70% des besoins des Algériens en médicaments par le biais d'une production locale est plus que possible. “Déjà à notre niveau, on pense qu'on va passer dans un premier temps en termes de valeur de 7 à plus de 20% de parts de marché avec cet investissement. Au niveau du ministère de la Santé, ils ont, selon nos informations, une centaine de projets industriels agréés. À la lumière de cette donnée, je pense que c'est un objectif tout à fait réalisable. Il y a de la place pour tout le monde pour l'investissement national et étranger. Sanofi-Aventis a un projet d'investissement à Aïn Allah de 60 millions d'euros pour 70 à 80 000 unités par an. Il y a aussi beaucoup de nationaux qui ont des projets en voie de réalisation.” L'autre donnée capitale, qui conforte Saidal dans sa stratégie de développement, est la décision du gouvernement d'interdire les importations de médicaments qui sont déjà fabriqués localement afin d'enrayer l'anarchie régnant dans le secteur depuis sa libéralisation en 1992. Une décision avantageuse pour les deux parties : pour Saidal, qui, délesté d'une concurrence déloyale, ne pourra qu'accroître ses parts de marché et pour l'Etat algérien, qui doit d'urgence réduire sa facture d'importation de médicaments, plombée d'année en année jusqu'à atteindre un pic vertigineux. Ces deux données s'ajoutent au fait que les médicaments fabriqués localement seront beaucoup moins chers que ceux importés. “Saidal a connu une croissance régulière les dix dernières années. Mais, c'est la première fois qu'elle bénéficie réellement d'un plan de financement et développement depuis sa création. Elle a toujours vécu sur ses propres ressources. Maintenant effectivement l'Etat a donné un crédit, un emprunt. Il a donné son accord pour que Saidal se développe.” Le P-DG du groupe pense que les investissements en cours auront un impact certain et permettront la diminution des ruptures de stocks dont souffre le secteur depuis de nombreuses années. “C'est clair que quand il y a une production locale, il y a une disponibilité des produits. En termes d'accès, de prix, une série de facteurs vont être également engagés. Mais cela ne va pas s'arrêter là, il y a aussi cette volonté d'améliorer et d'organiser le secteur de la distribution. Nous sommes engagés dans une réflexion et la mise en place d'un certain nombre d'actions préliminaires pour améliorer notre relation avec le marché.” Ce plan quinquennal sera accompagné d'une série de mesures parallèles. Il s'agit de la mise en place d'un système d'information afin de connaître en temps réel la situation des stocks pour pouvoir apporter des ajustements aux programmes de production. L'autre travail engagé est le référentiel emploi-compétence, consistant notamment à mettre en place un plan de carrière. “Il est certain qu'il va y avoir des redéploiements de postes. Nous avons un nouveau système de rémunération adopté par les ressources humaines qui devrait être introduit à partir du 1er janvier, après discussion avec le partenaire et après avoir fignolé quelques paramètres tels que les primes de nuisance. On a également introduit des primes de rendement stimulantes en phase avec l'industrie de la pharmacie.”