Résumé : Hamid raccompagne Hakima. En cours de route, il lui parle de Faouzi. Ce dernier semble avoir des intentions sérieuses à son égard. Mais la jeune orpheline ne veut rien savoir. Pour elle, le monde s'est arrêté de tourner le jour où on l'avait abandonnée. Qui voudrait donc vivre avec une ancienne enfant assistée ? Hamid tente de la raisonner. 39eme partie Hakima ne répondit pas. Elle savait que Hamid ne saisira jamais la profondeur de son état d'âme. Elle savait qu'elle était la seule, hormis peut-être Nawel, à connaître la torture quotidienne d'une situation telle que la tienne. Hamid était au courant de son passé. C'était son chef et un bon ami… Elle s'était confiée à lui. Il était, en dehors de Athmane, le second homme en qui elle avait confiance, et elle savait qu'il n'allait pas la trahir. - Tu es le seul au journal à savoir que je réside dans une cité universitaire. Même quand c'est le chauffeur qui m'accompagne, je lui demande toujours de me déposer devant l'entrée d'un immeuble qui se trouve à une cinquantaine de mètres de la cité. Hamid sourit : - Et quel mal y a-t-il à cela ? - Rien bien sûr… Mais je n'aimerais pas qu'on le sache. C'est pour cela que je ne voulais pas me faire raccompagner par quelqu'un d'autre. - Pauvre Faouzi. Quelle tête il faisait tout à l'heure quand tu as refusé sa proposition… Elle rit : - Comprends-moi Hamid, je n'avais pas le choix. Je n'aimerais pas qu'il se sente… frustré ou blessé, mais… Je regrette, je ne veux pas qu'il découvre non plus mon passé… Hamid soupire : - Je ne sais pas si un jour tu te réveilleras à temps de ta torpeur, pour comprendre que la vie ne s'arrête pas dans une chambre universitaire. Elle sourit : - Petit taquin… Je ne peux pas changer ma vie Hamid… Je m'en veux de torturer Faouzi, mais... ai-je le choix ? - Tu ne le tortures plus maintenant, tu le tues. - Pourquoi dis-tu cela ? - Il n'y a que les fous qui peuvent comprendre la folie de l'amour. Faouzi perd les pédales devant toi… - Arrête donc ton cinéma Hamid ! Hamid contourne un rond-point et s'arrête devant la cité universitaire : - Te voici chez toi ma chère. Je te souhaite une agréable nuit. Elle ouvrit la portière et s'apprêta à sortir : - Je... - Oui… ? - J'aimerais te demander un service Hamid. - Je t'écoute. - J'aimerais que Faouzi comprenne que je ne suis pas la fille qu'il cherche, que je ne pourrais pas faire son bonheur. Il mérite bien mieux que moi. Hamid lève les bras, impuissant : - Si c'est ce service que tu me demandes, je préfère te dire tout de suite, que je suis "hors service". Que Dieu me préserve de la souffrance de mes semblables. - Tu ne veux donc rien faire pour moi ? - Je ferais tout pour te voir heureuse Hakima… Tout ce qui est en mon pouvoir… Mais ne me demande pas plus que je ne pourrais en supporter. Le regard triste de Faouzi m'a transpercé le cœur. Tu deviens cruelle Hakima… Elle rit : - Je retire ce que j'ai dit… Je saurais comment lui expliquer ça le moment opportun. - Ah !… Si ma femme était aussi têtue que toi lorsque je l'avais connue, je crois que j'aurais opté pour le célibat éternel… Quelle torture ! - Nous ne sommes plus au temps de Roméo et Juliette. - Roméo et Juliette… ? Ma chère amie, dans chaque ville de ce monde, et à chaque minute, naissent un Roméo et une Juliette. La tragédie de William Shakespeare devient réalité… Une réalité vécue quotidiennement par des millions de couples. - Eh bien soit. Mais Juliette jouera la comédie jusqu'au bout, et Roméo se suicidera sur l'autel de l'amour. - Ne badine pas avec les sentiments Hakima. Ecoute ton cœur et laisse ton âme s'exprimer… C'est le seul conseil que j'aurais à te prodiguer. (À suivre) Y. H.