Animant un meeting populaire à l'occasion de la célébration du 48e anniversaire de la proclamation du FFS, c'est surtout aux possibilités de changement en Algérie dans le sillage des révoltes en cours dans la région que le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou, a consacré le gros de son intervention. “La politique dans le monde bouge, l'histoire bouge et même la géographie n'est pas en reste des bouleversements comme c'est le cas au Soudan ! Il n'y a que le régime algérien qui ne veut pas bouger”, a déclaré Tabbou qui ne voit dans les réformes politiques entamées par Bouteflika que des “réformes à l'envers, tant elles sont proposées par le régime, débattues par le régime et adoptées par le même régime sans associer le peuple en tant qu'acteur du changement”. Des réformes à travers lesquelles, estime Tabbou, le régime tente de gagner du temps mais, réellement, il ne fait que faire perdre du temps à l'Algérie. “Le pouvoir algérien est en train de faire du théâtre. Le peuple en a marre du théâtre et des produits du congélateur du pouvoir qui ne fait que reproduire, à chaque fois, le même scénario”, déclare encore le premier secrétaire du FFS pour qui, “il n'y a pas lieu de se faire d'illusion quant au changement de la nature du régime : le même régime qui a accueilli Carlos dans les années 70 et qui accueille aujourd'hui la famille Kadhafi”. Et le peuple ? Karim Tabbou se veut formel : “Nous sommes le pays le plus mûr pour le changement”, dit-il, estimant que le peuple algérien a accumulé un très fort capital d'expérience en pratique politique sauf que, selon lui, “le citoyen algérien a perdu confiance en ses politiques”. Pour rétablir cette confiance, le secrétaire national du FFS préconise un profond travail de pédagogie politique et de sensibilisation, et ce, tout en gardant un regard lucide parce que, précise-t-il, “la révolution ne s'improvise pas, mais s'organise”. C'est en ce sens qu'il réitère la nécessité d'aller vers une assemblée constituante. donc, ni par les armes, ni même par la rue, semble vouloir dire Tabbou qui estime que de toute manière le pouvoir a tout fait pour rendre inefficace et stérile la rue en l'organisant lui-même. “Le pouvoir a organisé de fausses émeutes dans 38 wilayas en janvier dernier, puis une série de fausses marches avant de finir par annoncer une fausse révolution : celle du 17 septembre dernier”, a-t-il analysé non sans ajouter que “l'Algérie est entrée dans une logique de milices politiques”. Sur le plan extérieur, le premier secrétaire du FFS déplore que le pouvoir algérien continue d'exercer un chantage sur le gaz et le pétrole, tout en tentant toujours de vendre la thèse sécuritaire, de renchérir sur la réouverture des frontières avec le Maroc et de se positionner comme le seul rempart contre l'islamisme, ce même islamisme qui n'a jamais autant prospéré en Algérie que ces dernières années. “Si nous étions dans un pays de droit, Rabah Kébir aurait été accueilli par un procureur et un juge d'instruction à l'aéroport et non pas par des photographes”, assène Karim Tabbou, ajoutant que c'est aussi en Algérie qu'on se permet de réaliser une mosquée à coup de trois milliards. Evoquant la situation sécuritaire dans le pays, le premier secrétaire du FFS, qui s'interroge si le motif sécuritaire continuera toujours à servir d'alibi pour gérer la société, estime : “quand un régime promet le rétablissement de la sécurité, dispose de tous les moyens pour le faire et que la réalité est là pour prouver son échec, nous avons le droit de lui dire qu'il est simplement incompétent.”