Résumé : Au détour d'une ruelle, Nawel évite de justesse un véhicule venant en sens inverse. Elle stoppe net et descend pour sermonner le chauffard qui avait osé prendre un sens interdit. Ce dernier s'avère si courtois que Nawel eut honte de son comportement. Elle demande à l'homme s'il voulait un constat. 42eme partie Nawel remonte dans son véhicule : - Cela vous apprendra à conduire sur des routes que vous ne connaissez pas. - On apprend tous les jours mademoiselle. Et ce n'est pas parce que j'ai raté un panneau de sens interdit que je vais m'arrêter… Il rit : - Vous n'avez jamais commis d'infraction depuis que vous avez décroché votre permis ? - Heu…(Nawel se sentit confuse). Je préfère m'abstenir de vous répondre là-dessus monsieur. L'homme lui tendit une carte : - M. Ammir Khumar (le nom est improvisé). Pour vous servir… Nawel demeure interdite. Elle prend la carte et lit : - Ammir Khumar - chancelier - ambassade de la République de l'Inde- Elle relève la tête et regarde l'homme en face d'elle. Quelques détails lui avaient échappés. En effet s'il était brun, l'homme avait des cheveux très fins et drus, d'un beau noir corbeau, un front dégagé, et des yeux en amande, dont elle n'arrivait pas à déterminer la couleur. Le regard doux et souriant du diplomate finira par la convaincre : - Vous êtes indien ? - Aussi évident que vous êtes algérienne. - Mais que faites-vous en Algérie ? Elle se rendit compte de sa bourde et rougit avant de reprendre prestement : - Si je me fie à votre carte de visite vous êtes chancelier à l'ambassade indienne. - Parfaitement. - Je devrais vous féliciter. Vous parlez admirablement notre langue, et même un français sans accent. L'homme sourit, et Nawel constate enfin que ses yeux étaient d'un vert irisé. - Venant de vous, je prendrais ces remarques pour des éloges. Mais il se trouve que je vis depuis de longues années dans votre grand et beau pays. J'ai adopté votre langue et votre culture… J'adore l'Algérie que je considère comme mon second pays, ainsi que son peuple si généreux et si accueillant - Merci. Notre hospitalité n'est plus à démontrer. Nous sommes un peuple fier de ses origines, tout comme tous les peuples qui se respectent d'ailleurs. - Je vous prie donc d'accepter encore une fois mes excuses mademoiselle pour tout le désagrément que j'ai pu vous causer. Nawel pousse un soupir : - C'est bon. N'en parlons plus - Voilà qui est mieux. Je m'en voudrais à mort de vous avoir causé cette frayeur matinale - N'insistez plus, sinon je regretterais de vous avoir pardonné. Il rit encore, et Nawel lance d'un air moqueur : - Vous êtes plutôt bon pour une pub de dentifrice. Vous ne cessez donc pas de sourire ou de rire. Il rit de plus belle : - Je suis si content de savoir que vous me pardonnez. Dans notre pays, nous avons ce qu'on pourrait appeler un côté jovial que ne connaissent que les gens qui sont nés au printemps alors qu'on fête le holi. - Le holi ? Qu'est-ce que c'est ? - C'est la fête de l'arrivée du printemps. Les gens sortent dans la rue et s'amusent à se mouiller et à se colorer. Il y a aussi la fête du diwali, là, on allume des bougies, des feux d'artifice et on s'offre des cadeaux. Une façon amusante d'accueillir la belle saison… C'est peut-être pour cela que je suis d'un tempérament plutôt gai. - Amusant, lance Nawel, qui commençait à s'énerver. Cet homme va-t-il enfin libérer le passage ? Mais le jeune Indien continue sur sa lancée : - Je suis aussi fier de mon pays et de sa culture, que vous l'êtes du vôtre… Et ce serait un plaisir pour moi de vous faire découvrir une facette des coutumes indiennes. J'aimerais vous convier à l'une des réceptions que nous organisons de temps à autre au niveau de notre ambassade, où vous aurez à découvrir les mille et un secrets de notre culture millénaire. (À suivre) Y. H.