Résumé : Nawel venait de terminer sa garde. La nuit n'avait pas été de tout repos, mais la jeune médecin s'estime heureuse d'avoir accompli son devoir sans faillir. Les urgences n'avaient pas désempli et elle du faire face avec beaucoup de courage à des situations parfois dramatiques. 41eme partie Prise dans ses méditations, elle ne vit pas tout de suite le véhicule venant en sens inverse, qui fonçait tout droit sur elle. Elle freina rageusement au milieu de la chaussée, et son véhicule fit un soubresaut : - Mais il est fou, s'écrie-t-elle, c'est un sens interdit ! Elle tente d'effectuer une marche arrière, mais il était trop tard. Le véhicule stoppe à quelque centimètres du sien. Elle avait fermé d'instinct les yeux, prévoyant une collision, mais le chauffeur qui semblait maîtriser le volant, s'était arrêté à sa hauteur en la frôlant à peine. Folle de rage, Nawel descendit de sa voiture les mains sur les hanches, et le regard foudroyant : - Alors-là, on peut dire que vous savez conduire, s'écrie-t-elle, à la vue de l'homme qui venait tout bonnement vers elle, les mains jointes sous le menton. - Je suis désolé, je…. - Oh, taisez-vous donc, vous ne savez pas conduire. Comment avez-vous obtenu votre permis ? À la loterie ? Vous feriez mieux d'aller le repasser, vous êtes fou, vous auriez pu me tuer. L'homme s'était incliné devant elle, et avait gardé le silence, accusant ses remontrances sans broncher, alors qu'elle débitait son fiel. Elle fronce les sourcils. N'avait-elle pas exagéré ? Après tout, quand on prend le volant, il faut s'attendre à tout. Peut-être que ce jeune homme ne connaissait pas le quartier ! Elle tente de reprendre son calme, et lance d'une voix moins forte : - C'est un sens interdit, monsieur… L'homme relève enfin sa tête, et la regarde en face : - Je m'en suis rendu compte, mais il était déjà trop tard pour reculer, je ne connais pas ce quartier, et je n'ai pas remarqué le panneau du sens interdit. Toutes mes excuses mademoiselle pour tous ces torts que je vous cause. Je suis…je suis vraiment navré. Nawel fait un geste impatient : - Ce n'est rien, mais faites gaffe la prochaine fois… Vous auriez pu provoquer l'inévitable. Il ébauche un sourire : - Mais non, je roulais à faible vitesse. Vous vous êtes alarmée à ma vue voilà tout. - Hein ? Vous me prenez pour qui donc ? Je vous voyais foncer sur moi, tel un ouragan, et vous prétendez rouler à petite vitesse à cette allure ? Il sourit encore : - Je me sens coupable de vous avoir provoqué toute cette frayeur mademoiselle. Veuillez accepter mes excuses, je vous prie… - Oh, arrêtez donc. Vous m'exacerbez avec votre air de mendiant quémandant une pièce. - Vous me pardonnez ? L'homme l'avait interrompue d'une voix si douce, qu'elle s'était sentie tout de suite coupable d'une situation qui la dépassait. Pourquoi s'était-elle montrée si désagréable avec ce jeune inconnu ? N'avait-elle pas elle-même provoqué parfois des situations assez complexes en stationnant n'importe où, pour faire ses courses ou en provocant des embouteillages parce que le moteur ne voulait pas démarrer. Ce conducteur n'avait en réalité rien fait de mal. Le sens interdit qui se trouvait au début du grand virage n'était pas visible au premier coup d'œil. Ce n'était donc pas lui le coupable, mais les instances qui étaient chargées d'installer ces panneaux de circulation, à des endroits non appropriés. Elle relève la tête et constate que l'homme souriait toujours. Il avait gardé un calme inébranlable, alors qu'elle s'était emportée comme une diablesse. Elle eut honte d'elle-même, mais ne voulant pas trop le montrer, elle lance d'une voix sèche : - C'est bon, vous pouvez disposer. - Je peux disposer ? Il rit, et Nawel constate à son grand étonnement, qu'il avait un beau rire, et surtout une très belle dentition. Pourquoi faisait-elle attention à de tels détails ? Elle se reprend pour répondre : - Oui, libérez le chemin afin que je puisse passer. - Oui, bien sûr, je vais tenter de faire une marche arrière et me rabattre sur le côté pour vous céder le passage. Il passe une main sur l'aile gauche du véhicule de Nawel, puis sur le sien, où hormis une petite “éraflure” il n'y avait aucun autre détail à relever. - Vous voulez qu'on fasse un constat, demande Nawel en suivant des yeux le geste de l'homme. - Un constat ? Mais non, votre véhicule est indemne, et le mien, porte à peine une petite trace disons un petit souvenir de cette rencontre matinale, à laquelle nous ne nous attendions pas tous les deux. (À suivre) Y. H.