Poutine, qui se prépare à retrouver sous peu la présidence de la Russie, en mars 2012 (au terme d'élections présidentielles qui seront précédées par des législatives en décembre et qui verront Medvedev conduire le parti au pouvoir Russie maintenant : un jeu de chaises musicales permettant à l'actuel locataire du Kremlin de changer sa place avec le Premier ministre qui n'est autre que Poutine), voit son pays comme le cœur d'un nouveau pôle économique et politique rassemblant les anciennes républiques soviétiques. Le futur maître du Kremlin vient de rendre public son premier grand chantier de politique étrangère : réhabiliter l'ex-URSS. Il a présenté l'actuelle union douanière entre la Russie, le Belarus et le Kazakhstan comme une excellente fondation sur laquelle bâtir ce projet appelé à rivaliser avec les Etats-Unis, l'Union européenne mais surtout l'Asie, entendre la Chine. En 2005, avant de transmettre la clef du Kremlin à son dauphin, Medvedev, pour respecter la Loi fondamentale de son pays qui limite à deux mandats présidentiels consécutifs, Poutine avait regrettait l'explosion de l'URSS, un éclatement qu'il a considéré comme “la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle”. Le projet n'a pas arrêté de lui trotter dans la tête même s'il se défendait de vouloir ressusciter l'Union soviétique sous une autre forme. Enfin, façon de dire car comment interpréter cette nouvelle union que lui-même a présentée dans une tribune des “Izvestia” comme “une intégration étroite sur de nouvelles valeurs politiques et économiques” ? Il s'agit, tente-t-il de rassurer, de renforcer l'union douanière existant déjà entre la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan. L'abandon des taxes de douane et des entraves à la circulation des capitaux et des travailleurs prévu à partir de 2012, note-t-il, n'est en réalité qu'un premier pas. “Nous ne nous arrêterons pas là et nous nous fixons un objectif ambitieux : parvenir à un degré d'intégration encore plus élevé au sein d'une Union eurasienne… une intégration sur des bases politiques et économiques ainsi qu'un nouveau système de valeurs”, a précisé l'actuel Premier ministre russe. L'Union eurasienne, il ne s'en cache pas, fonctionnerait comme une entité supranationale de coordination des politiques économiques et monétaires. Elle serait également ouverte à d'autres membres que le trio Russie-Biélorussie-Kazakhstan. Pour les sceptiques et ceux qui ont peur du retour de l'ex-URSS, le futur président de la Russie assure que leur adhésion à l'Union eurasienne, en plus de bénéfices économiques directs, permettra à ses membres d'intégrer l'Europe plus rapidement et à partir d'une position bien plus forte ! Pour les convaincre, il n'hésite pas à prendre pour modèle l'intégration européenne et donne pour ambition à son Union eurasienne de “servir de lien efficace entre l'Europe et la dynamique région Asie-Pacifique”. En réalité, pour de nombreux experts, ce projet est surtout destiné à répondre à la concurrence chinoise en Asie centrale. La spectaculaire émergence de la Chine a transformé les relations entre les deux pays. Le rapport de force s'est inversé. Alors que la Russie n'est que le 10e partenaire commercial de la Chine, la Chine est devenue, en 2010, le premier partenaire de la Russie. En Asie centrale, la compétition est alimentée par les besoins énergétiques et de matières premières de la Chine et depuis une décennie par les marchés de la consommation de ces pays de l'ex-Union soviétique. Mais pour le projet de Poutine, faudra-t-il qu'il parvienne à convaincre les pays concernés de rejoindre l'embryon constitué par l'union douanière Russie-Kazakhstan-Biélorussie... Ce qui n'est pas évident, le temps a changé et le bloc de l'Est ne rappelle pour de bons souvenirs pour ses membres. D. Bouatta aminem 06-10-2011 09:34 loic 06-10-2011 09:11