Démentant les analyses et les spéculations de nombreux observateurs de la scène politique russe, Vladimir Poutine assure, à l'approche de l'élection présidentielle, ne pas s'accrocher au pouvoir et qu'il avait toute confiance en Dmitri Medvedev, son poulain, qui devrait lui succéder à la tête de l'Etat. S'accrocher au pouvoir serait “absolument inacceptable”, a déclaré celui que la presse occidentale et l'opposition russe qualifient de “nouveau Tsar”, soulignant lors de sa dernière conférence de presse au Kremlin : “Tout le monde doit se conformer à la loi, d'abord et surtout le chef de l'administration.” Alors que sa popularité en Russie est loin d'être surfaite et que ses partisans n'ont pas arrêté de le supplier à modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir, Poutine a choisi de jouer la stabilité institutionnelle, se conformant à la loi fondamentale qui lui interdit de briguer un troisième mandat lors de l'élection du 2 mars. S'exprimant devant près de 1 400 journalistes dans la salle ronde du Kremlin, Poutine a confirmé faire campagne pour Medvedev, actuellement Premier ministre et candidat de Russie aujourd'hui, son parti. “Il y a entre nous une alchimie personnelle, j'ai confiance en lui, c'est quelqu'un à qui je transmets la direction du pays sans honte ni crainte”, a-t-il dit, ajoutant que l'élection de Medvedev signifierait la continuation pour les quatre ans à venir de la politique actuelle. Medvedev, son dauphin, pour ainsi, devrait passer comme une lettre à la poste. Ce qui, par ailleurs, a attiré les foudres de l'OSCE qui a refusé de participer au contrôle du processus électoral russe. Le président russe a également affirmé qu'il était prêt à devenir Premier ministre, après huit ans de numéro un au Kremlin. Son annonce n'est pas une première puisque Medvedev avait annoncé en décembre 2007 qu'une fois élu, il proposerait la fonction à Poutine. Le prochain tandem du pouvoir russe suscite des interrogations sur le partage des pouvoirs entre le “maître” Poutine et son “élève” Medvedev. La Constitution offre de larges prérogatives au gouvernement, a répondu Poutine, esquissant un glissement du centre de gravité du pouvoir du Kremlin à la Maison Blanche, siège du gouvernement, alors qu'avec lui la Russie a vécu un régime présidentiel fort. Les prérogatives du Premier ministre vont, selon la loi, de la formation du budget aux questions de défense et de sécurité du pays en passant par la politique économique internationale. Quant au président, garant de la Constitution, il définit les grandes priorités de la politique intérieure et extérieure. En fait, Poutine va reprendre les prérogatives qui étaient les siennes lorsqu'il était Premier ministre d'août au 31 décembre 1999, jusqu'à la démission de Boris Eltsine qui l'avait nommé président par intérim. Il pourra même revenir au Kremlin en 2012. La Constitution ne le lui interdit pas. D. Bouatta