Trente-deux tableaux. Une seule thématique. Le plasticien revisite une des plus belles histoires d'amour de l'humanité. Différentes techniques, une palette de couleurs riche… Il offre un ticket de voyage dans le temps, dans la beauté, dans la passion… Il existe des histoires d'amour passionnées et passionnantes, belles, folles et destructrices qui ont traversé les siècles et les âges. On connaît Roméo et Juliette, Antar et Abla, Qaïs et Leïla, Saïd et Hiziya… mais il en existe d'autres qui demeurent méconnues. C'est le cas l'histoire de Moussa ag Amâstân dont le cœur n'a eu de cesse de battre pour Dâssine Oult Yemma, la “sultane du désert” ou la “sultane de l'amour”. Cette histoire est racontée à travers les trente-deux tableaux d'Abderezak Hafiane, qui composent l'exposition à l'intitulé évocateur : “Dâssine”. Ces œuvres ornent les murs d'Aïda Gallery (Hai El Bina, Dely Ibrahim) depuis le 8 octobre passé, et ce, jusqu'au 29 du mois en cours. Un sentiment flou, mélangé à plusieurs autres sensations, flotte dans cet antre de l'art. À peine le seuil franchi qu'on est interpellé par les différentes toiles. Le regard est attiré, voire happé. Plus que belles, elles sont sublimes, un délice visuel. On se noie dans le tourbillon des couleurs… Chacune des œuvres murmure, raconte, qui à haute voix qui en chuchotant, l'amour impossible de deux êtres : Moussa et Dâssine. De courts textes agrémentent les tableaux. Ce sont des poèmes que chacun d'eux a déclamés pour déclarer sa flamme à l'autre : “Je me suis abîmé dans ton amour comme dans une tombe. La vie s'est refermée sur moi (...)”, déclare Moussa à Dâssine. “Depuis ma naissance que je te connais, tu es plus beau qu'un dattier chargé de fruits sucrés”, lui dit-elle. Pour sa première exposition individuelle en Algérie, l'artiste a rendu hommage au grand désert et à ses habitants, à travers cette belle histoire qui est transmise de génération en génération. Sur le registre artistique, Abderezak Hafiane, natif de la ville aux mille et une coupoles : El Oued, propose une vision personnelle du Sud, des hommes bleus… Jonglant sur différents registres, le plasticien étale son savoir-faire, l'art qu'il maîtrise : aquarelle, technique mixte (des éléments que l'artiste ajoute à l'œuvre initiale afin d'aboutir à un mélange savamment exécuté : la Fleur bleue réalisée à partir du symbolique chèche des Touareg), travail sur bois (la récupération), sculpture… Le travail est explicite, déchiffrable. “Même son abstrait on arrive à le lire”, confie la galeriste, Mme Souad Teiar. La Fleur bleue, le Lion, la Sœur jumelle du soleil, Tifinagh..., autant de titres évocateurs. Chaque œuvre est un bijou qui met à nu le talent, et la créativité de l'artiste. Il a su marier les couleurs inspirées du Grand Sud : le bleu indigo, l'ocre, le doré du sable, la variante du jaune du soleil, de son lever à son coucher. Les différents coloris et tons sont superposés, étalés, débordant presque. Autre élément à signaler : l'encadrement. “Les œuvres sont remises dans leur écrin” pour paraphraser la galeriste. En effet, l'encadrement sort de l'ordinaire. Il devient le complice du tableau. À lui seul, c'est une œuvre d'art. Fascinant, il donne plus d'éclat et d'envergure aux toiles. De formes diverses, il est adapté à chaque tableau pour lui conférer une meilleure visibilité, un cachet très spécial de par les motifs, les graphismes ou les autres touches artistiques. Dâssine est un “geyser de thème”. Une exposition qui ouvre une fenêtre sur un patrimoine culturel national riche aux différentes facettes. Chaque tableau est un poème, une ode à l'amour, au désir. Amine IDJER “Dâssine”, exposition d'Abderezak Hafiane, Aïda Gallery, jusqu'au 29 octobre 2011. unelectrice 14-10-2011 08:32