Comédie n La pièce met en scène une légende, à l'instar de Hiziya, celle d'El Achiq et de Aouicha, sa dulcinée. El Achiq, Aouïcha oua El Haraz, cette légende inspirée du melhoun populaire, à savoir du long poème du marocain cheikh El Mekki El Qorchi, et que l'on n'a pas cessé depuis de conter, de fredonner ou de chanter, a été présentée, samedi, à la salle El Mougar. Présentée par le théâtre régional de Tizi Ouzou et mise en scène par Fouzia Aït El-Hadj, la pièce, une comédie musicale où se mêlent dans une performance scénique jeu, chant et chorégraphie, s'ouvre aussitôt sur un décor qui nous rappelle avec ses formes et ses couleurs les cités d'antan, notamment la ville d'Alger (Casbah), avec son style mauresque, son ambiance citadine, ainsi que ses us et ses coutumes raffinés. La pièce met en scène une légende, à l'instar de Hiziya, celle d'El Achiq et de Aouicha, sa dulcinée ; c'est aussi l'histoire d'El Haraz, ce charlatan qui, jaloux de cet amour, parvient à exercer de l'ascendant sur Aouïcha qui, suite au départ de son bien-aimé, sombre dans une profonde solitude et une mélancolie à la limite du désespoir. C'est pour cette raison que l'arrivée d'El Haraz était perçue comme une lueur d'espoir. Tous se disaient qu'il était capable de faire revenir El Achiq après un exil qui n'a que trop duré. Ce dernier revient certes, mais entre-temps, il perd Aouicha. Il ne la récupère que grâce à un petit subterfuge minutieusement préparé par Aouicha elle-même. La pièce se révèle une romance, une belle histoire d'amour, et comme le disait si bien Fouzia Aït El-Hadj : «On n'a pas besoin de se référer à Shakespeare ou à d'autres auteurs universels pour parler d'amour. Il suffit juste de se reporter à notre patrimoine, donc à notre culture ancestrale qui est riche en la matière, en histoire et en légendes, pour parler de romance. Même chez nous, il y a des histoires d'amour à la manière de Roméo et Juliette, à l'instar de El Achiq, Aïoucha et El Haraz ou de Hizia.» Jouée par une pléiade de comédiens et de comédiennes, comme Hamid Kouri ou encore Meriem Wafa, la pièce s'est distinguée par une belle prestation artistique où sont venues se mêler au jeu scénique et au chant, à la musique et à la danse, le tout s'exprimait dans une furia de couleurs, dans une ardeur d'émotion et à travers une exécution scénique démonstrative. L'adaptation du poème sur scène n'était qu'un prétexte de la part de Fouzia Aït El-Hadj pour évoquer la beauté et la richesse du patrimoine populaire maghrébin en général – et algérien en particulier. El Achiq, Aouïcha oua El Haraz est une fresque artistique et notamment culturelle : «C'est une valeur culturelle et identitaire propre à nous et bien de chez-nous», a dit la metteur en scène lors d'un point de presse ; cela apparaît et dans le décor, et dans les qaçidate chantées, et dans les costumes et même dans les habitudes et les mœurs adoptées par les comédiens pour la circonstance. Ainsi, le but de la pièce n'était certes pas de dégager ou de véhiculer une tragédie, puisqu'il y a absence d'une réelle dramaturgie dans l'interprétation. Le souci premier pour Fouzia Aït El-Hadj consistait, semble-t-il, à mettre en valeur la pure tradition culturelle maghrébine, c'est pour dire seulement qu'on a une culture et une identité patrimoniale qui s'exprime dans sa richesse et sa diversité.