La mission archéologique de Lambèse, capitale de la Numidie de la fin du IIe au début du IVe siècles, a débuté en 2006 et se poursuit en 2007, 2009, et 2010 soit 24 semaines sur le terrain, livrant des données d'un intérêt tout à fait unique, du point de vue de l'architecture domestique de son système constructif et de son décor. Ainsi une équipe pluridisciplinaire fut constituée afin de prendre en charge différents domaines de la recherche. Si la découverte de l'une des maisons, qui revêt un grand intérêt et un fait unique et peut-être même, l'organisation de la mission archéologique et le fruit du hasard (creusage d'un puits), il n'en demeure pas moins, que les archéologues et spécialistes, n'ignoraient aucunement, que Lambèse capitale de la Numidie et toute sa région, possède un riche patrimoine archéologique, qui ne demandaient qu'à être mis à jour et pris en charge. Ainsi le projet pluridisciplinaire constitué d'archéologues, céramologues, spécialistes des métiers en verres, restaurateurs, mosaïstes…, se devait de prendre en charge différents domaines de la recherche des deux maisons à péristyle reconnues pour la première fois à Lambèse : l'une subsiste sur une superficie de 400m2 et l'autre sur plus de 700m2, cette étude effectuée sur place qui a débuté en 2006 a permis de mettre à jour moult informations très importantes, dont certaines revêtent un caractère exclusif : retrouver les quartiers résidentiels méconnus jusqu'à présent de la cité de Lambèse et en particulier d'en appréhender la structure, leur relation avec les monuments publics, religieux et le camp de la IIIe légion Auguste ; compléter considérablement la connaissance des modes de construction en particulier les techniques de la terre, très peu étudiées dans le monde romain, mais d'un usage fréquent en Numidie ; reprendre l'étude du réseau hydraulique dans un contexte domestique ; déterminer le lien entre l'architecture et son décor. L'étude scientifique des revêtements muraux peints ou non est une première en Algérie ; de reprendre l'étude de la céramique dans un contexte de fouille stratigraphique. Elle permet de relancer l'étude scientifique de la céramique de L'Afrique interne. Les premières observations mettent en évidence l'existence d'une circulation économique à la fois interne à l'Afrique, entre Byzance, la proconsulaire et la Numidie, et à l'échelle de l'Empire allant de la Gaule à la Sicile, jusqu'à la mer Noire ; cerner au mieux le développement d'ateliers locaux de mosaïstes et de peintres dans la région. Enfin et surtout, proposer un chantier d'application à l'archéologie à la restauration et conservation in situ aux étudiants algériens et français en Algérie. Après les recherches et les découvertes, l'initiation Lors de la journée d'étude et de communication organisée au niveau du centre culturel de Lambèse le 13 octobre 2011, où différents intervenants membres de la mission archéologique de Lambèse sont intervenus pour donner différentes informations concernant la mission et ses objectifs, il en ressort des propos des conférenciers, spécialistes, archéologues, que certes les fouilles ont permis de faires des découvertes exceptionnelles et unique en Algérie, à l'exemple de la mosaïque (parcelle 37 de la section 09 du cadastre) que les chercheurs et mosaïstes ont dû ré-enfouir après avoir mis une protection maximale (couche de sable et dalle de béton) il n'en demeure pas moins que l'apprentissage, l'initiation, la diffusion du savoir en la matière ( archéologie, restauration, savoir-faire en mosaïque, en enduit…) restent les meilleurs moyens de mettre en exergue le potentiel archéologique et historique que recèle et cache Lambèse et toute sa région. Malek Amina Aïcha, chargée de recherche première classe, nous dit à ce sujet : “Il y a une urgence, il faut dans les plus courts délais délimiter le site de Lambèse(Tazoult). Nous avons travaillé dur, depuis 2006, et nous avons les résultats escomptés, bien sûr grâce à la contribution de tout le monde, aussi bien des autorités locales, que des différents organismes, instituts et centre, aussi bien en Algérie (le CNRA, l'INA, OGEBC, le CRAAG) que de France (l'Université de Montpellier III, Centre Camille Julian, le centre national de recherche scientifique d'Aix, Atelier de conservation et de restauration, Musée départemental de l'Arles antique), ça prouve que la coordination et le travail d'équipe donne des résultats probants. Cependant le meilleur et le plus bénéfique reste à faire : l'encadrement, l'initiation et la formation et pour former, il faut des chantiers-écoles. Lambèse a la possibilité d'abriter ce genre d'ateliers, pour rayonner sur la Méditerranée, elle en a l'héritage et les moyens nécessaires. En effet la mission a permis de former dans le domaine de la restauration (mosaïques et peinture) les membres de l'équipe algérienne composée de jeunes archéologues venus des instituts d'archéologie d'Alger, de Constantine et Batna. Un jeune archéologue Bilal Ben Aziz (archéologie spécialité antiquité) qui a pris part à ces ateliers de formation et d'initiation, nous déclare : “J'ai beaucoup aimé ce travail sur terrain, nous avons beaucoup appris sur les enduits et la céramique, malgré la courte durée, nous avons constaté moi et mes collègues que la théorie ne suffit pas et que la meilleure manière d'apprendre c'est d'être en contact avec les gens du métier et des spécialistes. Au début, j'avais peur du handicap de la langue, mais j'ai pu le surmonter”. LAMBÈSE SITE PILOTE À l'unanimité et d'un commun accord, l'initiation, l'apprentissage, la valorisation, reviennent comme un leitmotiv, mais aussi comme un souhait. Les nouvelles découvertes de Lambèse et l'implication des différents partenaires aussi bien en Algérie qu'en France dans l'essor du projet de recherches, permettent d'envisager ce site comme un projet pilote, qui pourra bénéficier d'un programme régional, où recherche, formation, initiation et mise en valeur seront étroitement liés, pour transformer le site de Lambèse en parc archéologique comprenant un centre muséal, un centre de restauration et un espace pour la recherche. Les spécialistes présents lors de la rencontre, formulent à l'unisson le même vœu. Florence Monier (ingénieur de recherche au CNRS), Patrick Blanc (responsable du service de restauration au musée départemental de l'Arles antique conseil général 13), Malek Amina Aïcha (chargée de recherche), disent n'avoir qu'un vœu et souhait, voir Lambèse rayonner sur la Méditerranée par sa richesse archéologique, mais aussi par l'installation et la délimitation de la zone archéologique de la même ville, qui peut recevoir, des spécialistes du monde entier, des chercheurs et archéologues de différentes spécialités, pour peu que l'édification du parc archéologique, avec ses ateliers, son chantier école se réalise. Présent lors de cette rencontre archéologique, Farid Ighil Ahriz (directeur du Centre national de recherches archéologiques) nous confirme que dans le programme du ministère de la Culture, il existe la création d'ateliers de restauration et conservation et que le premier ouvrira ses portes à Lambèse. Lambèse (Tazoult) ne sera plus synonyme d'un triste et lugubre pénitencier, mais plutôt lieu de savoir de recherche et d'initiation. Peut-être qu'il est temps aussi de se rapproprier notre histoire et que l'Algérie jeune nation (sic) cède enfin la place à l'Algérie millénaire. RACHID HAMATOU