Le phénomène de l'informel avec les tables ambulantes de vente de bijoux, certes ancien, prend de l'ampleur, surtout avec les dernières hausses des prix de l'or, dont le gramme varie entre 4 500 DA et 6 000 DA, selon la qualité du bijou. Aucun secteur commercial n'est épargné. L'informel sévit et menace dangereusement les règles commerciales et fiscales. Après les vêtements, la viande, les fruits et les légumes… Le grand marché de Médina Djedida, considéré comme poumon du marché de l'or de la wilaya d'Oran, est gangréné par l'informel. Chaque jour, des dizaines de bijouteries sont visitées par les acheteurs des quatre coins de la région ouest du pays. Cependant, le phénomène de l'informel avec les tables ambulantes de vente de bijoux, certes ancien, prend de l'ampleur, surtout avec les dernières hausses des prix de l'or, dont le gramme varie entre 4 500 DA et 6 000 DA, selon la qualité du bijou. “La valeur des bijoux d'une seule table atteint le milliard de centimes. Il y a plus de 400 tables installées dans les artères du marché de Médina Djedida, soit 400 milliards de centimes de bijoux”, affirme un revendeur de bijoux ambulant. Mais notre surprise fut de taille quand nous apprîmes que plusieurs tables appartiennent à des propriétaires de bijouteries du quartier. “C'est pour revendre des bijoux douteux et, dès fois, pour éviter le fisc puisque la transaction est conclue sans facture”, précise notre interlocuteur. En effet, les prix affichés au niveau des tables ambulantes sont avantageux par rapport à ceux des vitrines des bijouteries. Autre caractéristique de l'informel, des courtiers (hommes et femmes) accostent les clients, surtout les femmes, et, souvent, ils arrivent à les convaincre à faire leurs achats au niveau des tables. “La complicité avec un bijoutier permet d'authentifier l'or, mais aucune garantie écrite n'est fournie (poids, carats : quantité d'or fin contenue dans l'alliage de ce métal) au client. Juste une affirmation qu'il s'agit d'un bijou en or”, avoue un nouveau bijoutier avant de dénoncer cette pratique. “Cette pratique de l'informel nuit aux artisans de l'or. Les contrôleurs de la qualité devraient traquer ces vendeurs illicites au lieu de s'acharner sur les artisans bijoutiers qui ont une réputation à défendre”, a-t-il ajouté. Les services du fisc et du contrôle sont incapables de débarrasser le marché de Médina Djedida de ces milliards éparpillés sur des tablettes, car l'enjeu est de taille. “Nous sommes contrôlés régulièrement et nous payons nos droits régulièrement, alors que des commerçants ambulants exercent dans une totale impunité. Oui, c'est de l'informel !” insiste un jeune artisan bijoutier qui vient d'être traduit en justice à cause d'une amende des services de contrôle non réglée. Quant aux anciens professionnels du métier, la hausse du prix de l'or a fait chuter les ventes : “La mévente a doublé. Les clients se font rares. Un grand nombre revend ses bijoux à son bijoutier pour boucler les fins de mois ou éponger une dette. Certes, de temps en temps nous recevons des commandes intéressantes, mais c'est rare. Oui, nous vendons par facilité pour les proches et les amis seulement. L'arnaque est devenue monnaie courante”, avoue amèrement Hadj M'hamed. NOUREDDINE BENABBOU