Résumé : Ferroudja s'était levée et l'avait rejoint. Krimo ne cachait plus son désir d'elle. Quinze années à attendre ce moment. Elle finit par céder. Krimo croyait avoir réussi à jeter un pont entre le passé et le présent et qu'elle finirait par l'aimer comme autrefois ? Cependant, parfois, il sentait qu'elle lui échappait et qu'elle avait beau être avec lui, son esprit était ailleurs. Quand elle lui parle de s'absenter deux semaines, il se met en colère… -Juste deux, lui dit-elle en s'accrochant à son bras. - Tu vas me laisser seul ? - Il le faut. Tu n'as pas de vacances cette année… Ce n'est pas une raison pour que je n'aille pas me reposer un peu… Je vais partir à Dellys… J'ai besoin d'air pur, de verdure… J'ai l'habitude de partir, chaque année, à cette période. - Combien de temps? - Trois semaines. - Que deviendrais-je sans toi pendant ce temps ? rétorqua-t-il. Je ne peux pas me passer de toi ! - Pourtant, il le faudra bien, dit Ferroudja avec fermeté. J'ai besoin de cette coupure, pour mon équilibre… Ne me demande pas d'y renoncer ! Je ne le pourrais pas… j'ai promis d'y aller… - À qui l'as-tu promis ? à un homme, n'est ce pas ? s'écria Krimo, piqué par la jalousie et le doute. C'est cela : il y a un autre homme dans ta vie ! Il l'avait saisie par les épaules et la secouait avec fureur. Elle ne réussit pas à se dégager. Mais elle insistait : - Tu n'obtiendras rien de moi de cette façon… si tu crois que je vais tout sacrifier parce que tu es revenu d'Allemagne, tu te trompes !... En quinze années, j'ai eu des problèmes, j'ai souffert… Il a fallu que je vive…j'étais seule et sans un sou…Je ne sacrifierais pas mes amis pour toi ! - Mais pourquoi fais-tu tant de mystères sur eux ! s'écria-t-il. - Si tu te calmes, je t'expliquerais un jour… Mais avant, laisse-moi partir sans me poser de questions ! Krimo ne comprenait pas pourquoi les choses demeuraient entre eux obscures et inexpliquées. Ferroudja ne répondait jamais franchement à ses questions. Elle se dérobait. Elle restait sur des généralités. Qui étaient ses amis ? Elle lui disait souvent amis, pas un. Quelle sorte de gens étaient-ce ? Rabah… entre autres sûrement ! Krimo avait dû s'incliner. Il avait compris que rien n'empêcherait Ferroudja de partir puisqu'elle en avait décidé ainsi. Elle ne lui céderait pas. Malgré lui, il l'admirait. Puisqu'elle reviendrait, il l'attendrait… Dix-sept jours passèrent avant qu'elle ne lui revînt. Elle lui sembla plus détendue, reposée, les joues pleines et bronzée. Il éprouva une joie qui l'aurait laissé trépigner si par orgueil et rancune, il ne s'était pas retenu de le montrer. La semaine se passa bien et il dînait souvent avec elle. Mais le jeudi soir, lorsqu'il lui proposa de retourner à Bordj El-Kiffan, au lieu de leurs retrouvailles, un froid se glissa entre eux quand elle répondit : - Tu oublies que je ne suis pas libre demain. Ce sera ainsi chaque vendredi de ma vie ! - Tu plaisantes, j'espère ? - Non, dit-elle fermement. - Je comprends qu'avant…tu remplissais ton temps, ta solitude comme tu pouvais… mais maintenant, c'est différent, insista-t-il. Je suis là ! - Non, rien n'a changé Krimo… Il n'y a aucune raison pour que je fasse de la peine à des amis, chez qui j'ai pris l'habitude de passer les fins de semaine… Nous nous verrons les autres jours, les autres soirs ! - Je pourrais t'accompagner. Présente-moi à eux, proposa-t-il, dans l'espoir de découvrir qu'elle n'avait pas d'autre amour que lui. Je pourrais aussi gagner leur amitié ! Le visage de Ferroudja refléta une véritable souffrance mais elle secoua la tête et lâcha : - Je ne peux pas. Ils ne comprendront pas… Ils savent combien j'ai souffert en te connaissant, lorsque je me suis retrouvée seule et sans argent. J'avais cru que tu étais encore là… mais tu étais parti là-bas… c'est eux qui m'ont aidée et soutenue jusqu'à ce que je puisse me débrouiller seule… (À suivre) A. K. Rabah 27-10-2011 16:20 dady 26-10-2011 17:55 fatah 26-10-2011 13:46