La Ligue arabe ne désespère pas de sauver Bachar Al-Assad, faisant fi des mises en gardes que lui a adressées l'opposition syrienne. Une délégation de ce syndicat des chefs d'Etat et de rois arabes, comprenant un panel dont le ministre algérien des Affaires étrangères, et dirigé par le Qatar, ce pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui monte au point de prendre la place de l'Arabie Saoudite sur l'échiquier régional et dans le monde, a programmé un second round de discussions avec le bourreau de Damas ! Cette même délégation s'est déjà entretenue mercredi avec le président Bachar Al-Assad et, apparemment, sans succès puisqu'il est annoncé la tenue d'une nouvelle réunion dimanche toujours à Damas. Assad est certainement resté fermement attaché à ses certitudes, à savoir que la vague de contestation à l'encontre de son régime n'est que le fruit de complots ourdis de l'étranger et s'appuyant sur des traîtres et des terroristes d'obédience islamiste ! Une rengaine éculée, spécialité de dictateurs, autocrates et régimes aux abois. Mais, le nez au mur, Bachar Al-Assad se montre néanmoins conciliant à l'égard de la Ligue qu'il n'a jamais portée dans son cœur tout comme son père d'ailleurs. En entrant dans le jeu des conciliables, une marque déposée dans la Ligue arabe, Bachar sait qu'il gagne du temps. Et il en profite d'autant que, par ailleurs, il se sait encore sous protection à l'ONU où la Russie et, accessoirement, la Chine le protègent au Conseil de sécurité avec leur droit de veto. Donc, avec les pays arabes, il peut encore discourir. C'est un change d'importance pour son régime carrément lâché par le puissant voisin turc et que l'Iran, l'allié stratégique, commence lui aussi à se poser des questions sur la terrible répression que subit le peuple syrien. Et on ne peut pas dire qu'Ahmadinejad est un fervent partisan des droits de l'homme. Que l'ex-patron des bassendjis, ces milices islamistes iraniennes, demande à Bachar un peu de retenu en dit long sur la terreur exercé par celui-ci sur ses populations. Dans ce contexte qu'attendre de la délégation arabe à Damas ? Le ministre des AE qatari dit que c'est pour engager une médiation entre le régime et l'opposition. De son côté, Burhan Ghalioun, président du Conseil national syrien (CNS) qui réunit la quasi-totalité des courants de l'opposition, en appelant la communauté internationale à “protéger le peuple syrien” de la répression menée par le régime de Damas, au moment où la délégation de la Ligue arabe est en Syrie, rejette implicitement cette médiation. Le CNS exige plutôt l'envoi d'observateurs internationaux, comprendre de l'ONU, pour faire cesser l'usage de la violence par le régime, après huit mois de massacres organisés et systématiques. À l'occasion de la visite de la délégation arabe, des manifestations appelant à la chute du régime ont lieu dans plusieurs villes du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et les Comités locaux de coordination (LCC) qui animent les protestations sur le terrain. L'arrivée de cette délégation à Damas a coïncidé mercredi avec une grève générale. Et la répression de monter de plusieurs crans : l'armée syrienne a entrepris depuis jeudi de poser des mines le long des frontières avec la Turquie, officiellement pour bloquer la contrebande d'armes. Pour le CNS, Bachar et son clan veut passer à la vitesse supérieure : réprimer à huis clos. D. B. derbal 29-10-2011 19:56