“Le Fibda, un festival qui tue” est le titre qu'a choisi Nime pour raconter son histoire de jeune auteur oranais (originaire de Mascara) de bandes dessinées débarqué à Alger pour participer au Festival international de la bande dessinée (Fibda) sur un blog perso gonflé d'humour (nime-dansmabulle.blogspot.com). Souvent en chaussure vernis, chemise impeccable et dégaine amusée, Amine Benabdelhamid alias Nime est plutôt discret en groupe. Quand il est à Alger, il se fait remarquer avec son accent oranais, surtout lorsqu'il rencontre son ami Samir Toudji, alias Togui (auteur de l'album BD Togui Diary's) avec qui il se tape des délires et des éclats de rire aux larmes. Si on devait décrire Nime en deux mots, ça serait “bon vivant”. Nime est aussi le plus talentueux auteur de BD de sa génération, mais s'il n'avait pas fait cela, il aurait été un “grand footballeur” mais “denya bent el kelb” (la vie est une chienne), comme il le dit sur son facebook.com/Lenime. Son père, qui rêvait de faire l'école des beaux-arts mais a fini dans les assurances, a toujours poussé son fils à développer son talent. Sa technique est très fouillée, il aime aller jusqu'au fond des choses et pousser le détail au maximum, comme avec ses fameux robots, mais ça ne suffit pas pour faire de la bande dessinée, il faut avoir quelque chose à dire. Lui, il arrive même à le dire avec finesse et humour. Quelques jours avant la 4e édition du Fibda, auquel Nime avait participé lors de précédentes éditions et gagné des prix, il fait une sortie inédite dans la blogosphère algérienne et lance le premier blog BD qui raconte, humour et satire de mise, ses déboires dans ce festival. Est-ce calculé ? Lui, il répond : “Pas du tout, ce n'est pas une idée que j'avais auparavant, ils m'ont poussé à bout, je suis parti leur parler sur leur mur Facebook pour me plaindre… Ils n'arrêtaient pas de me censurer, donc j'ai fait ce blog, après avoir longtemps espéré un changement… Depuis quatre ans mat3almouche (ils n'ont pas appris). Y en a marre… C'est un coup de gueule à qui veut bien l'entendre.” C'est cette rage, nous dit-il, qui l'a poussé à dessiner presque une planche par jour : “Au début, je ne voulais pas faire autant de planches, j'ai fini par en faire 16… J'ai commencé le 28 septembre, une semaine avant le début du festival, j'ai fini le 12, une semaine après la fin.” A part une seule réaction, les organisateurs du festival n'ont pas réagi, le public, par contre, si. En quelques jours d'existence, le blog a connu un record de visites pour le genre… les commentaires pour encourager celui qui a vidé son sac pour alléger, finalement, beaucoup d'autres. Nime veut désormais se débrouiller tout seul pour éditer une BD autobiographique (parce que, avoue-t-il, il n'est pas très bon en scénario) et continue de publier fréquemment de nouvelles planches sur son blog qui raconte son quotidien et son environnement, ses années dans l'école des beaux-arts d'Oran, où il excellait en sculpture avant de se tourner vers l'illustration et la BD. C'est d'ailleurs pour profiter de toutes ses connaissances que l'équipe algéro-tunisienne qui fait la série tunisienne en 3D 2050 a fait appel à lui pour travailler sur un nouveau projet. Une fois dans la bulle de Nime, on ne veut plus en sortir. Y. H.