“Il faut relativiser le phénomène de la violence au sein du secteur de l'éducation, car il varie d'un établissement scolaire à un autre et d'un quartier à un autre”. La violence scolaire, les absences, les renvois des élèves… sont autant de problèmes vécus par les enseignants et les élèves. Cependant, le renvoi abusif des scolarisés par les professeurs a fait réagir les parents d'élèves dont un maire d'une commune importante de la wilaya d'Oran, un ex- enseignant, qui a fustigé cette pratique pourtant interdite par la direction de l'éducation : “C'est inadmissible de renvoyer un élève pour avoir oublié un cahier ou un livre. L'enfant perd ainsi une journée de cours pour un simple oubli”, déclare le P/APC de Oued Tlélat qui n'a pas digéré le renvoi de son fils. Cependant, cette déclaration est partagée par plusieurs parents d'élèves, surtout ceux des collégiens et des lycéens car, l'adolescent renvoyé, risque de passer sa journée avec de mauvaises fréquentations. “Personnellement, je travaille toute la semaine. Ma fille a été renvoyée pour un exercice non fait. J'ai dû m'absenter pour me rendre au collège”, affirme un autre parent d'élève. Les surveillants généraux ne savent plus à quel saint se vouer et de réagir pour certains d'entre eux : “Oui, c'est interdit de renvoyer un élève de la classe pour un oubli. Mais que dois-je faire quand un professeur insiste pour faire sortir de la classe un élève et décide de convoquer ses parents ?” s'interroge un surveillant général. Par ailleurs, les enseignants trouvent d'énormes difficultés à maîtriser des adolescents surexcités et perturbateurs. “Comment faire pour un élève qui vient sans cahier, sans livre et passe son temps à perturber une classe de 40 élèves ? La seule solution est le renvoi pour laisser tranquille ceux qui veulent suivre le cours”, confie un professeur de langue au lycée Castors d'Oran, un lycée réputé par sa violence scolaire et la surcharge de ses classes. En effet, la violence scolaire se manifeste même en classe. “Ce sont des jeunes hommes de 18 et 19 ans. Que pouvez faire face à des élèves qui refusent de travailler ? Qu'on nous donne les remèdes. Il ne suffit pas d'envoyer des circulaires à partir des bureaux feutrés. Le terrain est miné. Des collègues se sont faits agresser, insulter et violenter par des lycéens qui ne reculent devant rien”, renchérit une enseignante. Plus grave encore, des lycéens n'hésitent pas à fumer des “joints” dans les toilettes des lycées et même dans les classes face à des enseignants impuissants qui n'ont qu'une seule arme : le renvoi de l'élève insoumis de la classe. “L'école est devenue une garderie. Nous aussi nous sommes des parents d'élèves”, peste un professeur de mathématiques. Toutefois, il faut relativiser le phénomène de la violence car il varie d'un établissement scolaire à un autre et d'un quartier à un autre. “La violence dans nos écoles est maîtrisable. Les enseignants, en général, arrivent à instaurer une certaine discipline en classe. Certes, il y a des exceptions”, précise un sociologue universitaire en conclusion. Noureddine Benabbou