Un vibrant hommage a été rendu ce week-end à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou à Djamel Chir, ce célèbre interprète de la chanson kabyle, qui a fait partie de ces grands chanteurs qui ont fait rêver l'ancienne génération et qui enflammaient les salles de spectacle à son époque. Un programme riche et varié fut proposé au public qui n'a pas raté cette manifestation culturelle qui s'est étalée sur deux jours. L'interprète de la célèbre chanson A Yemmas Hegiyas Avarnous, titre-phare de l'artiste dans les années quatre-vingt et qui continue de faire vibrer encore aujourd'hui, était présent en personne dans la matinée du jeudi pour un entretien direct qu'avait réalisé Abdenour Abdeslam. Ces deux journées ont étaient marquées par la présence d'une cinquantaine de fans dont la majorité était des jeunes, des membres de la famille de l'interprète ainsi que des amis, qui sont intervenus pour un témoignage vivant sur la vie et l'œuvre de ce dernier. Par ailleurs, des écrits, des articles et des coupures de presse, des photographies, ainsi que d'autres documents retraçant la vie et le parcours de ce mélomane, ont été exposés et mis à la disposition des visiteurs au niveau du hall de la maison de la culture Mouloud-Mammeri. Quant à la grande salle de spectacles de cette enceinte culturelle, elle devait abriter hier après-midi un très beau gala artistique en hommage à Djamel Chir et ce avec la participation de plusieurs grandes figures de la chanson algérienne et kabyle tels que Abdelkader Chaou, El-Hasnaoui Amechtouh et autres Boualem Chaker. “Que puis-je vous dire sinon que je suis très heureux aujourd'hui déjà de voir tout ce beau monde qui s'est déplacé pour me voir et pour me rendre hommage. Je tiens à remercier tous les organisateurs de cette fête inoubliable et à leur tête le directeur de la maison de la culture Ould-Ali El-Hadi. C'est très touchant de rendre hommage à un artiste tant qu'il est en vie. C'est l'occasion pour lui de voir que tout ce qu'il a réalisé jusque-là et de laisser derrière lui tout un patrimoine”, nous a déclaré Djamel Chir, visiblement ému par toutes ces marques de considération. Né le 21 septembre 1947 à Birkhadem, Djamel Chir a débuté sa carrière au sein des Scouts musulmans algériens et manie avec brio les instruments rythmiques, à savoir la derbouka, le tar, le bendir. Alors qu'il n'avait que seize ans, Smaïl Bestandji l'intégra dans son orchestre lors d'une soirée animée par de grandes affiches de la musique algérienne. Après une série de concerts, il fut engagé par Mahboub Bati dans son studio pour accompagner les chanteurs qui venaient enregistrer. De grandes figures de la musique algérienne comme Kamel Hamadi, Samy El-Djazayri et autres Karima auront apprécié la touche de Djamel dans l'accompagnement à la derbouka ou à la chorale. Embauché à la radio par Rabah Taleb, il interpréta sa première chanson Ouahmagh Dhi Ziniss qui plaira aux auditeurs et surtout à Chérif Khedam qui dirigeait un orchestre de variétés. En 1974, ce dernier avait repris cette chanson en compagnie de son orchestre, associé à la magnifique voix de Djamel, ce qui fera de lui un choriste de marque. Sollicité par plusieurs artistes tels que Yahiatene et Dahmane El-Harrachi, il s'exécuta ensuite à la derbouka pendant trois années avec le grand Lounis Aït Menguellet et accompagna même l'inoubliable Lounès Matoub. Même le grand chanteur Idir le sollicita aussi afin d'interpréter la chanson de Tenidiyid Svah. C'est dire si Djamel Chir fut un artiste complet. Samira Bouabdellah