Comme il fallait s'y attendre, la répression sanglante des forces syriennes de sécurité a fini par produire l'effet redouté d'une riposte armée, particulièrement ce lundi avec plus de 70 morts de part et d'autre, d'où une grande pression sur la réunion ministérielle de la Ligue arabe aujourd'hui à Rabat. à la veille de la réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères arabes aujourd'hui dans la capitale marocaine, pour faire le point sur la situation en Syrie, la situation s'est aggravée dans ce pays, avec ce sinistre record du nombre de morts enregistré lundi, qui a dépassé 70 victimes, dont 34 soldats. C'est dire que la violence n'est plus unilatérale. Des déserteurs, appelés également “armée libre syrienne”, ripostent militairement aux soldats de l'armée régulière de Bachar Al-Assad. C'est l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni, qui a révélé dans un communiqué que, dans la province de Deraa, où est née la contestation dans le sud du pays le 15 mars dernier, “34 soldats ont péri lors d'affrontements avec des hommes armés, vraisemblablement des déserteurs, dont 12 sont morts”. à ce chiffre effarant de 46 morts parmi les soldats et les déserteurs viendront s'ajouter “vingt-trois civils”, qui “ont été tués à Deraa par des tirs des forces de sécurité postées à des barrages sur la route liant les localités de Kherbet Ghazalé à Hirak”, selon la même source. En attendant une confirmation officielle de ce bilan macabre, c'est l'une des journées les plus meurtrières dans le pays secoué depuis huit mois par une révolte populaire réprimée dans le sang. En attendant, avant sa réunion ministérielle aujourd'hui à Rabat, la Ligue arabe veut s'entendre avec Damas sur l'envoi d'observateurs, a affirmé son secrétaire général, l'égyptien Nabil Al-Arabi. Ce dernier, qui a annoncé lundi la décision de son institution de dépêcher une délégation d'observateurs en Syrie, afin d'évaluer la situation sur le terrain, a subordonné cette démarche à la signature d'un “protocole d'entente clair” avec Damas. “Aucun membre de la délégation des organisations arabes en charge de la protection des civils ne partira en Syrie avant la signature d'un protocole d'entente avec le gouvernement syrien définissant clairement les obligations et les droits de chaque partie”, a-t-il déclaré devant la presse. Pour rappel, Damas avait invité dimanche les pays arabes à envoyer des ministres en Syrie pour évaluer la situation sur le terrain et superviser l'application du plan arabe de sortie de crise, accueillant favorablement l'idée d'une délégation “d'observateurs, d'experts civils et militaires et de médias arabes”. Le SG de la Ligue arabe a également indiqué avoir reçu une lettre du ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem affirmant que “le président Bachar Al-Assad proposait la tenue d'une réunion d'urgence de la Ligue arabe sur la crise en Syrie”. Il a assuré avoir fait circuler ce document parmi les dirigeants arabes, tout en précisant que la décision de se réunir en urgence devait être approuvée par au moins 15 membres. C'est dire que la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères aujourd'hui à Rabat, en marge d'un forum regroupant le même jour les pays arabes et la Turquie, sera cruciale. Il va falloir trouver une solution à cette situation, qui voit le régime Al-Assad de plus en plus isolé après avoir été lâché par ses pairs arabes. En dépit de cela, le ministre syrien des Affaires étrangères affirme que son pays “ne fléchira pas et sortira plus fort” en assurant que “les complots ourdis contre la Syrie échoueront”. Merzak Tigrine