L'ancien ministre de la PME a bien voulu répondre aux questions de Liberté, à propos de la dernière Tripartite concernant les propositions de la principale organisation patronale faites aux pouvoirs publics. Il a également abordé les inquiétudes des entrepreneurs à propos d'un climat des affaires en perpétuelle dégradation et qu'ils souhaitent, par conséquent, améliorer. Liberté : Quelles sont les principales mesures parmi les quelque 200 proposées, qui vous tiennent vraiment à cœur, et quelles celles qui ont été entérinées au cours de la Tripartite, s'il y en a eu, bien sûr ? Réda Hamiani : La principale mesure prise lors de la Tripartite, et qui correspondait à une très forte attente des milieux industriels, a concerné l'assainissement de la situation financière des entreprises obérée, surtout au plan historique, pour différentes causes, souvent indépendantes de la bonne volonté des responsables concernés. La première de ces causes date de plusieurs années déjà et concerne les pertes de changes traînées depuis les dévaluations de 1994, au temps du FMI et du PAS, la seconde concerne l'insécurité qui a plombé l'activité industrielle, pendant de longues années dans certaines régions, et la troisième est liée à l'effondrement du marché de la production nationale en raison de l'emprise de l'informel. Cette mesure a été bien accueillie car elle a rétabli partiellement une égalité de traitement entre secteur public et secteur privé. Personne ne comprenait les raisons profondes d'un assainissement à répétition au bénéfice d'un seul secteur. L'autre mesure particulièrement appréciée était celle qui permettait désormais le paiement par remise documentaire et non plus exclusivement par lettre de crédit. Jusqu'à ce jour, le bien-fondé de cette règle n'a pas été admis. Cette mesure imposée brutalement par nos autorités constitue un carcan coûteux et lourd, qui plombe le bon fonctionnement de notre économie. L'aménagement proposé réintroduit de la flexibilité dans le financement de nos intrants, tout en introduisant la différenciation entre secteur commercial et secteur productif. Enfin la troisième mesure appréciée a trait au domaine du foncier industriel, et consiste à abolir le système de vente aux enchères qui, au motif d'une plus grande transparence, écartait les véritables industriels des opérations de cession. Toutes ces mesures ont été entérinées au cours des travaux puis des conclusions de la Tripartite. Reste leur application compte-tenu du prisme déformant de l'administration qui, souvent, amoindrit les effets escomptés et souhaités par nos autorités. D'ailleurs, nous restons à la fois confiants et vigilants sur ce chapitre. Persuadés de la bonne volonté de notre pouvoir politique, soucieux de mettre en place un système de gestion plus favorable à l'entreprise, nous restons malgré tout en éveil, pour nous assurer d'une traduction fidèle de toute cette politique sur le terrain du concret. Quelles étaient vos espérances, avant la Tripartite, et ont-elles été satisfaites ? Nos espérances avant la Tripartite ont, dans leur majorité, été exaucées au plan du principe et des orientations générales. Il s'est agi pour nos autorités d'améliorer, de façon substantielle, l'environnement des affaires très pénalisant pour nos entreprises. Quels sont les paramètres à mettre en place de toute urgence, pour améliorer le climat des affaires, encore en berne, cette année (plus que l'année passée, dans certains points), selon Doing Business ? Toutes les mesures avancées et discutées lors de la Tripartite constituent des améliorations significatives du climat des affaires. Il faudra donner du temps à notre administration économique, pour lui permettre de mettre en œuvre tout cela. La lourdeur de notre appareil administratif, sa complexité, et souvent, son peu d'empressement à simplifier les procédures au profit d'une économie de production, constituent encore, fort malheureusement, des obstacles majeurs à la conduite et l'exécution de toute réforme. La mise en place de médiateurs, d'organes de recours pourrait constituer un apport en suggestions pour la mise en œuvre des mesures prises par le pouvoir politique. Une participation paritaire des principaux concernés (chefs d'entreprises) au processus de prise de décisions, à leur mise en oeuvre et à leur suivi et contrôle, serait également utile et opportune. D. Z.