Alors que des voix s'élèvent au sein de la communauté internationale pour demander aux autorités libyennes de remettre à la CPI Seïf al-Islam Kadhafi afin qu'il y soit jugé, le CNT refuse et veut le traduire devant une juridiction libyenne.Le Conseil national de transition libyen est sous pression après la capture de Seïf al-Islam Kadhafi. Les appels à le remettre à la Cour pénale internationale se multiplient au sein de la communauté internationale et de la part des organisations non gouvernementales de défense des droits de l'Homme. En plus des Etats-Unis, l'Union européenne, la France et la Grande-Bretagne, Human Rights Watch et Amnesty International pressent le CNT de remettre Seïf al-Islam Kadhafi à la CPI. Cette dernière a rappelé que la Libye avait l'obligation de le lui remettre, sans toutefois exclure la possibilité que le procès ait lieu dans son pays. Dans cet ordre d'idées, un porte-parole de la CPI a précisé que le procureur de la cour, Luis Moreno-Ocampo, se rendrait en Libye la semaine prochaine. Il ne fait aucun doute que la manière dont se jouera le sort du fils de Mouammar Kadhafi va mettre à l'épreuve la capacité des nouveaux dirigeants libyens à imposer leur autorité et à gérer la transition, selon des experts. Les nouvelles autorités de Tripoli ont promis qu'il bénéficierait d'un procès équitable, alors qu'elles peinent à remettre sur pied le système judiciaire. Abderrahmane al-Kib, le nouveau Chef du gouvernement libyen, a affirmé samedi soir que “le système judiciaire va communiquer avec la CPI pour examiner où Seïf al-Islam doit être jugé”. “Toute coopération avec les organismes internationaux est la bienvenue”, a-t-il poursuivi. “Le problème, c'est qu'il est détenu par une milice”, estime de son côté Fred Abrahams, de l'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), en allusion à la brigade de volontaires civils armés qui l'a capturé et ramené à Zenten, 170 km au sud-ouest de Tripoli, dont elle est originaire. “Je crains qu'ils ne le détiennent pour des questions de positionnement politique alors que les autorités sont en train de former un nouveau gouvernement”, ajoute-t-il. “Cela pourrait provoquer plus de tensions entre les factions et nuire aux tentatives de la Libye de créer un nouvel Etat, basé sur les droits de l'Homme”, souligne-t-il aussi. Il indiquera, par ailleurs, que la gestion de l'affaire Seïf al-Islam constituera “sans aucun doute un test pour les autorités après la manière dont son père et son frère Mouatassim ont été tués”, un test pour savoir si “elles peuvent traiter (ce dossier) selon la loi et pas selon la rue”. L'éventuelle tenue en Libye du procès de Seïf al-Islam, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité, pourrait aussi avoir un certain impact sur la transition. Depuis le 27 juin, Seïf al-Islam fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI sur des soupçons de crimes contre l'humanité. Il est accusé d'avoir joué “un rôle-clé dans la mise en œuvre d'un plan” conçu par son père pour “réprimer par tous les moyens” le soulèvement populaire. Les autorités libyennes veulent éviter le même scénario qui a conduit à la mort de Mouammar Kadhafi et de son fils Mouatassim, tués tous deux après avoir été capturés vivants, le 20 octobre à Syrte. Âgé de 39 ans, Seïf al-Islam a longtemps semblé vouloir moderniser son pays et normaliser les relations avec l'Occident. Mais dès le déclenchement de l'insurrection à la mi-février, il n'a eu de cesse de tenir un langage guerrier, tentant bec et ongles de sauver le régime de son père. Merzak T./Agences