Des dizaines d'Amazighs (Berbères) de Libye ont manifesté, hier à Tripoli, pour protester contre leur “exclusion” du nouveau gouvernement et réclamer la reconnaissance officielle de leur langue et de leur identité. “Pas de légitimité à la Constitution sans une reconnaissance de la langue amazighe”, proclamait une pancarte brandie par l'un des manifestants sur la place des Martyrs de la capitale. “Nous protestons contre notre marginalisation dans le nouveau gouvernement. Les Amazighs sont une composante essentielle de l'identité libyenne, nous aurions dû être représentés dans le gouvernement”, a expliqué l'un des manifestants, Abdallah Salem. À peine formé mardi, le nouveau gouvernement d'Abdel Rahim al-Kib a été la cible de critiques, dans l'Est et le Sud, mais aussi de la part des Amazighs, qui ont estimé que leur représentativité dans le gouvernement “ne correspondait pas à leur présence” et à leur contribution à la révolution libyenne. “Nous avons participé à la guerre comme les autres, nous avons donné notre sang comme les autres, nous exigeons d'être reconnus”, a fait valoir Saleh Yahia Ibrahim, qui manifestait à Tripoli. “Nous voulons nos droits, et nous les voulons maintenant. Nous sommes le peuple indigène de Libye, donnez-nous nos droits”, a martelé Wail Ein Moammer. Les berbérophones, dont la présence en Libye remonte à près de 10 000 ans, représentent environ 10% des six millions de Libyens. Mais leur langue avait été interdite par Mouammar Kadhafi, toujours resté soupçonneux à l'égard de ce peuple dont il avait même annoncé la disparition l'an dernier. Très actifs depuis le début mi-février de la révolte populaire devenue conflit armé contre le régime du colonel Kadhafi, les Berbères ont œuvré pour renverser l'ancien régime et entendent désormais peser dans la vie politique et culturelle