une certaine frivolité, sonnant comme une désinvolture qui n'est pas à proscrire. Des niches, des arcades, des tours, des ponts, des buildings… Des éléments épars que l'artiste peintre utilise pour composer, créer une esthétique plastique, sortant de l'ordinaire de par la thématique et l'exécution. Intitulée “Archi-peinture II”, cette exposition est visible depuis le 22 novembre au niveau du Centre des loisirs scientifiques de l'établissement Arts et Culture, à Alger. Diplômé de l'école supérieure des beaux-arts d'Alger, il compte à son actif quelques expositions collectives et individuelles (Centres des arts et de la culture du Palais des Raïs, Musée national d'histoire de l'art contemporain de Moscou, Galerie Baya au palais de la culture Moufdi-Zakaria). Originaire de la ville de Bouira, Hacen Drici a vu très tôt son talent récompensé dans différents manifestations (3e prix Ali-Maâchi du président de la République Abdelaziz Bouteflika en 2009 ; 1er prix de la ville d'Alger en 2009 ; 2e prix international médaille d'argent à Ankara, Turquie, en 2010). Seize tableaux, dont trois triptyques, composent le fond plastique de cet événement qui s'étalera jusqu'au 20 décembre prochain. Une combinaison de deux arts majeurs : architecture et peinture. La première est utilisée comme source d'inspiration, sujet de travail, alors que la seconde est la technique utilisée par l'artiste pour exprimer une vision, une impression… Cette source appartient à l'architecture universelle – ancienne, moderne, internationale ou locale – même si, dans beaucoup de toiles, le regard décèle la préférence de l'artiste : les voûtes, les coupoles et les arcades avec une empreinte gothique. Ce mélange des styles est utilisé comme base permettant à l'imaginaire du plasticien de prendre forme et se fixer sur un support. Une superposition des couches, transcendant avec la transparence. Un effet d'optique qui donne l'impression que l'on découvre l'œuvre à travers un voile. Le regard se noie dans des œuvres qui représentent, dans leur majorité, des palais souvent abandonnés, avec une impression d'irréel ; des visions fantasmagoriques rappelant certains “décors” de bandes dessinées, comme celles d'Enki Bilal. Par ailleurs, Hacen Drici favorise le volume pour une perspective qui, regardée de loin, constitue différentes formes. Une architecture humaine. Dans “Palais de glace”, c'est la silhouette d'une femme berbère, assise en tailleur. Pour exprimer son art, il a utilisé une technique mixte : peinture à l'huile, goudron, pierre noire (une craie qui appartient à la famille du fusain ou du charbon, mais dont l'effet est différent). Monochrome, habillage extérieur, grandeur… Concernant la palette de couleurs, le plasticien utilise le monochrome, mais dont la valeur peut changer, varier, selon les besoins de la création. Du bleu, du rouge, du marron… avec toutes les nuances qu'il agrémente de petites touches de couleur éclatante. Dans cette exposition, c'est le jaune Sahara, conférant à l'œuvre une certaine cassure. “Le jaune permet de créer la superposition des plans, plus de profondeur et du relief. Ce qui donne beaucoup de mouvement à la peinture”, explique-t-il. Quant à l'encadrement, Hacen Drici le veut différent. Il y accorde beaucoup d'importance. Ce n'est plus le cadre classique que l'on connaît, mais une structure qui habille les tableaux, devenant par-là même partie intégrante. Il donne une certaine force, et ce, grâce à l'équilibre que le plasticien tente de conserver entre sa toile et le cadre : un joyau sur son écrin de velours. Le format des œuvres y est également pour beaucoup. Les tableaux sont immenses. “Pour moi, la grandeur c'est important pour une meilleure liberté et aisance. J'aime travailler avec le grand format qui donne beaucoup de valeur à mon travail”, confie-t-il. La valeur esthétique et plastique est équilibrée. Des toiles augurant un bel avenir à l'artiste qui a su rester authentique. C'est ce que reflètent ses œuvres. Amine IDJER