Le Centre des loisirs scientifiques de Didouche Mourad, relevant de l'établissement Arts et Culture, reste un discret espace d'expression. Pourtant, sous cette discrétion avérée se cachent quelques perles de culture qui valent le détour. Puisque l'on est de plain-pied dans la cité algéroise, le chemin est tout tracé pour s'en aller se délecter d'une bien belle exposition d'un avatar plasticien qui ne tardera pas à devenir incontournable dans le monde des arts d'ici et d'ailleurs ? Ce jeune bougre aux allures de Titi parisien, casquette classieuse vissée sur la tête, le port altier et la mine élégante, vous accueille avec humilité. Il sait que quelque part son talent reste une excellente interface pour la discussion ? Sa curiosité et son sens de l'écoute l'honorent. C'est ainsi que le CLS Didouche Mourad accueille sur ses cimaises Archi-Peinture II, un concept de l'artiste en devenir Hacen Drici sans «e» à la fin du prénom… Ce natif de Bouira, né le 14 décembre 1982, est fraîchement diplômé de l'Esba d'Alger, et débute sa carrière avec un baccalauréat technique en 2002. Il s'intéresse très tôt à l'architecture et obtient en 2002 un premier prix du dessin dans sa ville natale. La suite de son parcours est totalement fulgurante à travers l'obtention d'un 3e prix du président de la République, Abdelaziz Bouteflika (Le prix Ali-Maâchi qui encourage les talents de moins de trente ans). Hacen Drici, original jusqu'au bout du pinceau obtient aussi, en 2009, le 1er prix de la ville d'Alger et une année plus tard un 2e prix international dans la ville d'Ankara. Il réalise quelques expositions collectives, notamment en 2004 à l'Esba d'Alger, et en 2006 au Complexe des arts du Bastion 23. En 2009, il réalise en compagnie du plasticien Hamza Bounoua un workshop estampillé Africain, dont le résultat sera une exposition en trio à la galerie Racim d'Alger avec Hamza Bounoua et le Congolais Joe Okitawonya. La suite du parcours pour Hacen Drici se poursuit jusqu'en Russie où, en 2010, il se retrouve dans les galeries du Musée national d'histoire de l'art de la ville de Moscou. Les expositions individuelles sont au nombre de deux : Archi-peinture I, réalisée à la galerie Baya du Palais de la Culture Moufdi-Zakaria au milieu de l'année, et Archi-peinture II qui est en cours depuis le 22 novembre dernier allant jusqu'au 20 décembre 2011. Une bien belle virée dans les inspiration des muses qui ont influencé notre jeune ami. A première vue, cette exposition fortement ancrée dans des réflexes de lignes pures ne dédaigne pas l'architecture dans ses fondements les plus inattendus. Hacen Drici s'est toujours déclaré amoureux de cet art de la ligne pure. Il intègre les Beaux-Arts d'Alger en 2002-2003 avec la ferme intention d'étudier le design aménagement, mais il optera finalement pour la peinture et fera ses armes dans cette option plastique si riche en évènements. Artiste accompli, il nous présente le fruit de ces amours passionnées, dans une vingtaine de tableaux souvent immenses, souvent en triptyque combinant des scènes peintes illustrant souvent de grandes bâtisses qui n'auraient pas juré dans les décors d'un très bon Batman. Mais il use des trois principes admis en architecture et des trois principes admis en peinture pour nous livrer un ensemble d'œuvres superbement menées sur des supports en toile, et encadrées de lignes de forces réalisées par le plasticien lui-même, Palais rouge, Modernité I, II, III, Architecture universelle, Transparence, «Palais de glace… sont autant d'œuvres maîtresses construites comme des monuments colorés en demi-teintes avec quelques sfumatos subtils et aériens qui allègent des lignes un peu plus marquées pour suggérer les arêtes et les formes construites comme des plans fantomatiques de bâtisses antédiluviennes qui ont depuis longtemps déjà vécu une autre vie. C'est donc la loi du lavis au goudron, le diktat du chiffon, de la force des éclaboussures et du pinceau complice qui s'imposent dans le travail de ce jeune plasticien à la force tranquille et à la modestie appréciable. Dans ses futurs projets, il compte faire de nouvelles approches artistiques à force d'acrylique, d'huile et autres mixtures issues de ses inspirations diverses. Il ne compte pas s'arrêter là pour représenter la jeune génération des peintres algériens qui montent. Le professionnalisme sera son option et son tour du monde des galeries, pourquoi pas, encouragé par quelques mécènes éclairés qui manquent cruellement. Hacen Drici nous invite entretemps à une bien belle séance de dégustation aux vertiges assurés par la sensationnelle approche des perspectives arachnéennes qu'il se plaît à nous décliner dans 21 propositions plastiques du plus bel effet. A nous d'aller visiter ses monuments étranges et insolites pour le frisson, juste pour le frisson… Archi-Peinture II de Hacen Drici, exposition du 22 novembre au 20 décembre 2011, Centre des loisirs scientifiques, 5, rue Didouche-Mourad, Alger, entrée libre.