RéSUMé : Hadja Sadia invite Karim à prendre le déjeuner avec elle. Il découvre qu'elle connut sa mère alors qu'elle n'avait que vingt ans. Ravi, il exige d'en savoir plus sur sa défunte mère, ce que la grand-mère cède à lui révéler à la condition de prendre un café avec elle, autour de cette table qu'elle a parfaitement dressée, afin d'allécher l'affamé… Je me sers du café au lait et lui donne une tasse de noir sans sucre, je lui propose un peu de gâteau, elle refuse car elle est diabétique. Alors, je lui demande, un peu surpris : - Pourquoi avez-vous tant de gâteaux chez vous, si vous ne pouvez les goûter ? - Mon enfant, je peux manger ce qui est sucré. Malgré tout, même sans être malade, je ne mangerai jamais de gâteau, je déteste ça ! - Alors pourquoi en achetez-vous de la boulangerie ? - Mon bel ami, je les réserve à mes invités. Quand je sens que j'aurai une bonne compagnie, j'achète de bonnes pâtisseries pour que mon humble convive revienne me rendre visite. - Vous n'êtes pas obligée… Je reviendrai vous voir sans compromis ! - Je le sais mon bel ami, mais voir tes yeux s'enchanter et étinceler en regardant cette assiette me rend de bonne humeur. - Je ne suis pas affamé ! Je rougis, sachant qu'elle avait raison en ce qui concerne mon appétit vorace. Elle rit et me demanda de me taire, car elle savait que je ne mangerais que si elle buvait son café en contrepartie. Mais au moment de prendre délicatement une pâtisserie au chocolat, j'entends mon père dehors hurler mon nom. Je me lève brusquement et remercie chaleureusement la vieille amie pour son hospitalité singulière, et sors prestement avant qu'elle n'ait le temps de me retenir. Dans la voiture, mon père attendait, le moteur en marche, que j'arrive, il me foudroya du regard, ne sachant d'où je sortis, et m'interrogea : - Tu étais où ? Tu es allé traiter avec tes amis délinquants, c'est ça ! - Non papa, j'étais juste allé… - La ferme ! Je ne veux pas t'entendre ! Ôte tes bagages de la voiture, que je parte ! - D'accord papa. Je retire mes valises, la tête baissée, tristement, je souhaite bonne route à mon père, mais il me répond avec la fumée du pot d'échappement qui pique mes yeux, ou bien serait-ce le chagrin qui troublerait ma vision des choses ? J'allais prendre mes trois bagages, quand je revis la jeune fille de tout à l'heure se diriger vers moi, et me dire : - Tu veux que je t'aide à emménager, pauvre mendiant ? - Non, vas-t-en !, lui répondis-je, énervé, parce qu'elle me prenait pour un nécessiteux, mais au fond je retournais ma colère contre une autre personne qui n'est pas mon père, celui qui a attisé mon désespoir. - Si c'est comme ça, je m'en vais, mendiant ingrat ! - Je ne suis pas ingrat, je ne suis pas un affamé, je ne suis pas un… je ne suis pas… Je me rendis compte trop tard que je blâmais la mauvaise personne pour mes maux. Je me justifie pour mon comportement rude, mais elle s'énerve contre moi pour mon odieuse manière de l'aborder. Seulement, je me garde de prolonger mes excuses, étant donné qu'elle allait même me donner envie de la tuer en me répétant : - Je sais mendiant, ta vie n'est pas de tout repos, je vais t'aider à porter les valises ! - Je ne suis pas un mendiant ! - Oui je sais, tu es juste un sans-abri. - C'est pareil, et pour ta gouverne j'habite dans cette immense demeure qui se dresse devant tes yeux Amina ! - Je sais, on t'a accueilli comme nouveau membre de la famille… En fait, je rectifie, tu es un orphelin qu'on a adopté ! - Je ne suis pas… Je pense qu'elle a touché un point. Je suis bel et bien orphelin dans cette vie, je fais pitié… Je suis seul. On me rejette, je suis le poids dont il faut s'alléger. - Alors, orphelin, tu viens ? On va porter tes bagages !, me rappelle-t-elle quand je me perdais en tristes pensées. - Oui, merci de m'aider… S'il te plaît, appelle-moi Karim ! - Compris ! Tu t'appelles “Karim l'orphelin” ! - Non idiote ! Oh, désolé, mais tu es trop énervante. - Je sais… je dis souvent la vérité et tout le monde le prend mal, je ne vois pas pourquoi ! Je ne m'attarde pas sur son cas désespéré et prends deux de mes valises, ouvre la porte et lui suggère de poser le bagage au seuil, tout en la remerciant de son aide. Puis, je lui révèle, le regard fixant le sol, timidement, très embarrassé : - J'espère te voir plus souvent. Malgré ces surnoms que tu me donne, je te trouve très belle et très charmante. Elle rougit et me complimente à son tour : - Tu sais, toi aussi tu es très beau garçon… mais… - Ah ! Tu me détestes ! Je ne te plais pas ! - Non ! Non ! Je disais : mais je ne sais pas si tu es sérieux ou si tu joues les jolis cœurs. (À suivre) H. B.