La sortie de Jeannette Bougrab, secrétaire d'Etat à la Jeunesse, dans Le Parisien, vient de confirmer cet embarras français par rapport aux nouveaux régimes issus des révoltes arabes. “Je ne soutiendrai jamais un parti islamiste. Jamais. Au nom des femmes qui sont mortes (...) parce qu'elles ne portaient pas le voile”, déclare Jeannette Bougrab. La secrétaire d'Etat à la Jeunesse s'inquiète du succès des partis islamistes au Maroc, en Tunisie et en Egypte. Fille de harki, elle pousse un coup de gueule contre la montée de l'islamisme après le Printemps arabe. Pour elle, “c'est très inquiétant. Je ne connais pas d'islamisme modéré”. Plus tranchante, elle dira : “Ces ‘modérés' disent que la charia peut n'être qu'une source d'inspiration... Il n'y a pas de charia light. Je suis juriste et on peut faire toutes les interprétations théologiques, littérales ou fondamentalistes que l'on veut, mais le droit fondé sur la charia est nécessairement une restriction des droits et libertés, notamment de la liberté de conscience, car l'apostasie est interdite. Il n'est pas possible de se convertir. Les mariages mixtes ne sont pas reconnus. Une femme musulmane ne peut pas se marier avec un non musulman. Aux yeux de certains, ce n'est peut-être pas grave si des femmes doivent désormais être voilées ou si demain elles n'ont plus les mêmes droits. Pas pour moi. Je ne transige pas sur cette question de l'égalité juridique. Et il faut être attentif au double langage.” Elle affirme réagir en tant que “citoyenne, en tant que femme française d'origine arabe. Je sais le prix payé par les gens qui sont restés de l'autre côté de la Méditerranée, notamment au moment du terrorisme islamiste qui a fait plus de 200 000 morts en Algérie”. Une façon pour ne pas gêner le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, qui avait félicité les dirigeants d'Ennahda en Tunisie et du Parti de la justice et du développement au Maroc. Pour Jeannette Bougrab, “parfois la dictature est venue des urnes”. Pour rappel, le chef de la diplomatie française s'est exprimé, fin octobre, devant l'Assemblée nationale française pour défendre le soutien de son pays aux Printemps arabes, estimant qu'il fallait “allier vigilance et confiance” dans l'avenir des peuples arabes, face à des députés de l'opposition critique. “J'entends dire que nous avons ouvert la boîte de Pandore. Fallait-il continuer à soutenir les dictatures ? Fallait-il continuer à soutenir Kadhafi ? Fallait-il continuer à soutenir Ben Ali ? Fallait-il continuer à soutenir Moubarak ? Faut-il continuer à soutenir aujourd'hui Bachar al-Assad ?”, s'est exprimé Alain Juppé, en réponse aux craintes exprimées sur l'avenir des droits de l'Homme en Libye, et notamment sur l'égalité entre les hommes et les femmes. “Le peuple libyen est enfin libre après 42 ans d'une dictature terrible. La France a pris toute sa part dans ce mouvement de libération et je crois que pour nous tous ici, ça doit être un sujet de fierté”, a encore dit Alain Juppé. “C'est curieux, cet enthousiasme pour les dictatures !”, s'est exclamé le ministre. “La diplomatie française, sous l'impulsion du président de la République, a pris une ligne claire”, a poursuivi Alain Juppé. “Aujourd'hui, nous devons faire confiance au peuple libyen et pour ma part, je ne me résigne pas à penser que les peuples arabes sont condamnés à devoir choisir entre la dictature ou des régimes islamistes radicaux”, a-t-il ajouté. “Il y a d'autres avenirs possibles et je fais confiance à la vigilance du peuple libyen pour défendre ses droits fondamentaux. Cela ne nous dispense pas d'être nous-mêmes vigilants et de rappeler nos lignes rouges”, a poursuivi M. Juppé, citant “le respect de l'alternance démocratique, la liberté d'expression, le respect des minorités y compris religieuses et le respect de l'égalité de l'homme et de la femme”. Azzeddine Bensouiah: