L'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) a organisé, jeudi à Alger, en collaboration avec le Programme d'appui à la facilitation du commerce en Algérie, une journée d'information sur la politique commerciale européenne à l'horizon 2020. L'Union européenne s'est fixé des objectifs à atteindre d'ici l'horizon 2020, à travers une stratégie commerciale qui devrait lui permettre d'atteindre “une croissance intelligente, durable et inclusive”. La destination européenne revêt une grande importance pour l'Algérie qui a signé le 22 avril 2002 un accord d'association avec l'Union européenne (UE), entré en vigueur en septembre 2005. Malheureusement, notre pays ne tire, toujours, pas profit de cet arrangement. “L'accord d'association n'a pas eu d'effet significatif sur les importations en provenance de l'UE et sur les exportations à destination de l'UE”, a indiqué Mme Malika Lanad, sous-directrice à Algex. Mme Malika Lanad a affirmé, chiffres à l'appui, que si à l'importation la part des produits de la liste A2, généralement des intrants et des biens intermédiaires, en provenance de l'UE a légèrement augmenté, la part des autres catégories de produits a diminué, précisant que “la croissance des importations d'intrants ne serait pas liée au démantèlement tarifaire mais à la forte demande domestique”. Le directeur général d'Algex, Mohamed Bennini, abonde dans le même sens, relevant que “l'analyse des chiffres fait ressortir que la proportion des importations de l'Algérie à partir l'UE n'a pas changé depuis la mise en œuvre de l'accord d'association en 2005”. Si en valeur, les importations algériennes à partir de l'UE sont passées de 10,7 milliards de dollars en 2005 à 20,6 milliards de dollars en 2010, en volume, “elles n'ont, globalement, pas augmenté”, estime M. Bennini. La demande domestique est, en l'absence d'une flexibilité à la baisse des prix domestiques, le principal facteur qui gouverne les importations de l'Algérie depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association. La part de marché de l'UE dans les importations algériennes a régressé passant de 55,8% en 2002 à 51,5% en 2010 au bénéfice de la Chine, dont la part de marché a sensiblement augmenté. Les biens d'équipement et les demi-produits représentent 68% des importations algériennes de l'Union européenne. En matière d'importation de produits agricoles sous contingent, notre pays a non seulement consommé les contingents accordés par l'UE, mais il les a dépassés dans plusieurs produits, entre autres le blé tendre et dur, le maïs, les pommes de terre (à l'état frais ou réfrigéré). Concernant l'importation des produits agricoles transformés, l'Algérie a dépassé les contingents accordés dans quasiment tous les produits, entre autres, le lait, le sucre, la farine… “La somme des produits agricoles et agricoles transformés de 2,3 milliards USD, bénéficiant de l'avantage préférentiel, représente près de 80% des importations algériennes en provenance de l'UE”, souligne Mme Malika Lanad. Durant les neuf mois de 2011, les exportations de l'Algérie vers l'UE sont évaluées à 25 milliards de dollars dont 24 milliards de dollars en hydrocarbures. Hors hydrocarbures, les exportations algériennes ont atteint 1,2 milliard de dollars contre 783 millions durant les neuf mois 2010. Un chiffre à relativiser, les principaux produits exportés sont des dérivés des hydrocarbures, notamment les solvants (618 millions de dollars), l'ammoniac (252 millions de dollars), le phosphate (42 millions de dollars), le méthanol (35 millions de dollars), le zinc (13,5 millions de dollars). S'agissant des produits manufacturés, leur part dans les produits industriels est minime. Les produits agricoles et agricoles transformés ont représenté depuis 2005 une moyenne de 3% du total des exportations hors hydrocarbures vers l'UE. Concernant les produits admis sous contingent, les données demeurent marginales et à la baisse. En outre, aucun des produits contingentés sur les 32 inscrits n'a atteint le quota. Mais en fait toute la zone Meda ne pèse pas beaucoup dans les importations européennes, à peine 4%, selon le Dr Caroline Gallez, chef d'équipe UAP du Programme d'appui à la facilitation du commerce de l'Algérie (Facico), indiquant que, par exemple, les pays de Mercosur représentent 20% des importations de l'UE en produits agricoles. “Il y a une place à prendre”, estime Caroline Gallez, faisant référence à la proximité de l'Algérie du marché européen. Meziane Rabhi