Salah Goudjil estime que Belkhadem doit demander pardon au peuple algérien qu'il avait qualifié de “pas mûr pour pratiquer la démocratie”, ainsi qu'aux militants du FLN “pour la fraude qui a caractérisé les élections à l'intérieur du parti”. Le conflit opposant les “redresseurs” à la direction du Front de libération nationale (FLN) semble s'exacerber davantage à mesure que les échéances électorales de 2012 s'approchent. Comment et sous quelle couleur se présenter aux élections ? Comment s'adapter à la nouvelle loi sur les partis ? Voilà les questions sur lesquelles se penche désormais le Mouvement de redressement et de l'authenticité (MRA) qui s'apprête à tenir son “congrès ou congrès extraordinaire” ou, le cas échéant, “une conférence nationale”. C'est ce qu'ont expliqué, hier, les initiateurs de ce mouvement, MM. Salah Goudjil et Mohamed-Seghir Kara, lors d'une conférence de presse tenue dans la villa de Draria (Alger), ce lieu de conclaves choisi depuis un certain temps par les redresseurs. Pour ce faire, indique-t-on, le MRA a déjà mis en place une commission pour élaborer son programme. “Nous avons installé une commission pour préparer tout un programme propre au mouvement en vue de la tenue de notre congrès”, a précisé M. Goudjil, soulignant qu'“il est important de définir les modalités de nos candidatures aux prochaines élections”. “Oui, nous devons savoir sous quelle casquette nous nous présenterons : flnistes ou indépendants ?” s'interroge-t-il, non sans mettre en avant sa volonté d'être présent à l'Assemblée lors de la prochaine mandature pour apporter, dit-il, sa vision sur la prochaine révision de la Constitution. Ceci avant de tirer à boulets rouges sur Abdelaziz Belkhadem. Répliquant aux dernières sorties du secrétaire général du FLN, notamment sa déclaration faite à Sétif où il s'est excusé auprès de la population locale du fait d'avoir “désigné” Salah Goudjil tête de liste du FLN dans cette wilaya lors des dernières législatives, M. Goudjil fera savoir à l'occasion que “plus de 10 000” militants du parti viennent de signer une pétition pour le retrait de confiance à Belkhadem. “Oui, jusqu'à la semaine dernière, nous avons enregistré plus de 10 000 signatures de militants identifiés par leur carte, en soutien à cette pétition pour demander le départ de Belkhadem”, a précisé l'ex-ministre du tourisme, M. Kara. Goudjil : “Je me porterai candidat là où se présentera Belkhadem” Et M. Goudjil de revenir à la charge pour défier l'actuel secrétaire général du FLN, en annonçant fermement : “Je me porterai candidat là où se présentera Belkhadem ; je le suivrai dans n'importe quelle wilaya, y compris dans sa propre wilaya d'origine, où il décidera de se présenter, et on verra qui de nous sera élu.” Pour le chef de file des redresseurs, au lieu de demander pardon à la population de Sétif, Belkhadem devrait plutôt demander pardon à tout le peuple algérien qu'il avait accusé de “pas mûr pour pratiquer la démocratie, comme il est aussi tenu de demander pardon aux militants pour la fraude qui a caractérisé les élections à l'intérieur du parti”. Les initiateurs du redressement menacent, par ailleurs, de recourir à la justice dans l'objectif d'“invalider” le 9e congrès du FLN. “Encore une fois, nous lançons un appel à ce que les membres de la direction prennent leurs responsabilités en acceptant de dialoguer démocratiquement avec tous les militants du parti, et rejoindre ainsi la bonne voie du FLN. De notre côté, on a toujours privilégié la voie du dialogue. Mais dans le cas où la direction continuerait à nous tourner le dos, nous serions dans l'obligation de mener une action en justice et nous avons toutes les preuves pour invalider le 9e congrès du parti”, a averti M. Goudjil, citant au passage les cas de fraude ayant émaillé cette échéance suprême du parti, “avant, pendant et après sa tenue”. Autre grief retenu contre Belkhadem : une instruction qu'il aurait adressée dernièrement aux militants les exhortant à “évincer tous les redresseurs, à leur tête Salah Goudjil, et les soumettre à la commission de discipline”. Dans sa réaction, M. Goudjil a fait savoir qu'il refusait de comparaître devant le comité central comme le souhaitait Belkhadem. En revanche, il accepte que son action soit soumise à l'appréciation d'anciens militants qui trancheront selon les statuts du parti et le règlement intérieur. À une question relative à sa récente déclaration concernant l'éviction de Belkhadem “avant le 31 décembre 2011”, M. Goudjil a tenu de rectifier le tir en précisant que c'était un souhait qu'il avait émis. “J'avais dis que nous souhaitions son départ avant cette date inch'Allah.” Farid Abdeladim