La commune de Berrahal, 30 km à l'ouest de Annaba, qui se targue d'être la seule de la région à s'être débarrassée totalement des bidonvilles, n'aura pas échappé ces derniers mois au phénomène tout aussi embarrassant de la construction illicite. L'anarchie ambiante et la déliquescence des institutions de l'Etat ont fait que des terres -tous statuts confondus-sont livrées à un véritable “pillage”. Les cas d'appropriation par des particuliers sont légion à Berrahal et au niveau des zones alentour. Un phénomène qui s'expliquerait, aux dires des membres même de l'APC, par l'absence de gestionnaires à la tête de l'Agence foncière intercommunale durant plus d'une décennie. Une situation qui s'est prolongée, favorisant bien des dépassements à travers l'ensemble de la daïra, qui compte près de 19 000 âmes réparties à travers 4 grands groupements d'habitations, et qu'il sera très dur de redresser au vu des abus constatés, avoue l'un d'entre eux. Plaie ouverte depuis des années, la construction illicite a atteint des proportions alarmantes, aujourd'hui, dans certaines communes dépendant de Berrahal. De par sa situation géostratégique et de l'attrait qu'elle a suscité au début des années 2000, cette daïra a fait l'objet d'un trafic gigantesque du foncier. Certains parlent d'une véritable “ruée” sur les poches constructibles avec ou sans l'aval des responsables locaux. Depuis, la situation s'est sérieusement dégradée et serait devenue incontrôlable, assure-t-on. “Le nombre des constructions illicites érigées depuis onze ans seulement, notamment au niveau de la cité Sidi Ali, sur les hauteurs de Berrahal, à la cité Kalitoussa ou au quartier de Tacha, dépasse et de loin celui réalisé depuis l'indépendance, soit depuis plus de 45 ans”, estiment des riverains. Pour juger de la gravité de la question, une simple virée du côté de Sidi Ali et de Tacha est plus qu'édifiante. Le visiteur ne peut qu'être impressionné par le nombre de bâtisses réalisées sur des terres forestières avec piliers et dalles en béton, mais n'ayant pas le moindre document autorisant leur construction. “Dans ce cas de figure, on ne peut pas procéder à la destruction des constructions illicites. La seule chose qu'on a le droit de faire, c'est de saisir la justice”, indique-t-on auprès des services des forêts. Le lieu choisi pour ce type d'habitat est généralement situé loin des regards indiscrets. Autrement dit, des terrains propices à l'implantation de constructions sans être dérangé. Même aujourd'hui, le trafic du foncier attire les gens tels des charognards autour d'une proie. Une situation où les “kachara”, les entrepreneurs en bâtiment et surtout les “clients” qui débarquent des différentes wilayas limitrophes, notamment de Skikda et Souk-Ahras, y trouvent leur compte. Mieux encore, un véritable réseau spécialisé dans la construction de baraques s'est constitué à Berrahal et propose à qui en veut des “lots” à des prix oscillant entre 50 et 100 millions de centimes en fonction du relief du terrain et de leur position par rapport aux localités qui les avoisinent… B. BADIS