Adila Kaoues, ancien directeur régional à la retraite de l'entreprise d'exploitation des mines d'or (Ténor), est le premier à avoir crié au scandale et au vol de l'or algérien par les Australiens. Liberté : La société Manadjim El-Djazaïr (Manal) et Qatar Mining ont dernièrement signé un accord de coopération où il a été convenu d'étudier la possibilité de créer une société mixte pour la recherche et l'exploration de l'or dans les mines de Tirek et d'Amesmessa. Une démarche qui consiste principalement à soulager l'Entreprise d'exploitation des mines d'or (Enor) qui s'embourbe dans des difficultés financières de couleurs noirâtres. Qu'en pensez-vous ? Adila Kaoues : Ce qui se trame en ce moment au niveau des mines d'Amesmessa et de Tirek est particulièrement scandaleux. En faisant intervenir les Qataris dans l'activité de recherche, d'exploitation et de production du métal précieux, le ministère de l'Energie et des Mines mène directement à verser encore de l'argent à l'australien Gold mining of Algeria. Alors que normalement et avec leur départ volontaire, les Australiens auront tout perdu et n'auront aucun droit d'ingérence dans l'Enor. Toutefois, la venue des Qataris les a conduits à changer de stratégie pour négocier encore leurs actions ne serait-ce que pour récupérer le montant de leur investissement en Algérie qui est, selon les déclarations de leur DG, évalué à 30 millions de dollars. Alors qu'en réalité toutes leurs dépenses d'exploitation étaient assurées par le Trésor public. Actuellement, les mines de Tirek et Amesmessa ainsi que le périmètre de Zita sont une concession appartenant à l'Entreprise d'exploitation des mines d'or (Enor) et jusqu'à preuve du contraire, nul n'a le droit de s'en approprier tant que GMA détient toujours 52% du capital de cette entreprise. Cela veut dire que si l'Enor est remise sur pied en y injectant des capitaux, GMA en bénéficiera sans nul doute puisqu'il est son patron. Aucune coopération n'est donc fructueuse sans racheter l'ensemble des actions de cet actionnaire. Devant cet état de fait, la création d'une nouvelle société mixte entre les Qataris et les Algériens ne peut pas s'opérer ni à Tirek ni à Amesmessa, ni même à Zita. Reste à comprendre ce que manigancent encore les cadres de GMA qui sont actuellement en pleines négociations au Qatar avec le nouveau partenaire de Manadjim El-Djazaïr. Quelle solution suggérez-vous ? La meilleure solution, la plus légale, est de mettre l'entreprise en liquidation, assainir les comptes et traduire les vénaux responsables de cette arnaque devant la justice pour récupérer l'argent du peuple extorqué au Trésor public. Dès l'arrivée de l'actionnaire australien GMA en Algérie, vous avez senti le micmac et vous avez dénoncé sa manigance dont sont victimes plus de 600 employés de l'Enor. Au lieu de vous remercier, la direction générale avait intenté une action en justice contre vous ? ll En effet, l'actuel directeur général de l'Enor sous les ordres de l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait voulu m'emprisonner allant jusqu'à faire intervenir un général à la retraite pour exercer une pression sur le juge à l'effet de prononcer le verdict de mon incarcération. J'étais condamné à plus de cinq ans de prison. Mais ils n'ont pas trouvé de juge pourri pour exécuter leurs ordres. Comment GMA avait-il trouvé le moyen de détourner des sommes colossales d'argent ? Les Australiens légalisaient diaboliquement le détournement d'argent via les salaires des Africains et les non Africains qui était versé directement sur le compte de GMA qui se chargeait à son tour de payer les salariés tout en gardant la plus grande partie du montant mis en place par l'Enor. Pourtant, c'est un procédé complètement interdit par la législation algérienne. Ils ont fait appel à cette main-d'œuvre juste pour détourner des sommes colossales d'argent. Quand l'actuel P-DG d'Enor est venu dans l'entreprise, je lui ai remis un plan de redressement que j'ai appelé d'ailleurs plan de sauvetage, car déjà en cette période je savais que la société était très malade de ses dirigeants, malheureusement rien n'a été fait. Les résultats des études engagées par la BEA de la mine d'or d'Amesmessa ont montré que l'investissement est infructueux et que la capacité de production de 3 tonnes d'or par an avancée par GMA n'est qu'un mensonge. N'empêche, que le prêt demandé est obtenu. Comment expliquez-vous cette contradiction? Pour l'investissement, je dirais que c'était une véritable arnaque, montée de toutes pièces par Douglas Perkins, l'ex P-DG de l' Enor et de GMA juste pour accaparer l'argent qui est en effet parti directement dans les comptes de l'actionnaire australien et dans les poches de certains responsables algériens. Car, sans la complicité de ceux-ci, cette escroquerie n'aurait jamais réussi. Dans l'exploitation du minerai, on fait usage de produits toxiques. Est-ce vrai ? Effectivement, on utilise la technique consistant à déverser du cyanure sur des amas de minerai pour dissoudre l'or. Ce qu'on appelle la lixiviation au cyanure où l'on fait également usage d'une dizaine d'autres produits aussi dangereux les uns que les autres. C'est un procédé très dangereux pour l'homme, la faune, la flore et la nappe phréatique outre qu'il est strictement interdit dans plusieurs pays, même en Afrique du fait de la menace qu'il présente. Malheureusement, avec des hommes comme certains cadres de l'Enor, tout est possible. Moi j'irai plus loin, ils ont importé le cyanure avec des faux documents et ils ont utilisé des centaines de tonnes de cyanure, quoique contraire à la réglementation en vigueur. La méthode utilisée par GMA pour l'extraction du minerai de la mine de Tirek est qualifiée d'acte de sabotage. Pourquoi ? Pour mener à bien son plan d'arnaque, Douglas Perkins, son complice Ken Norris et ses acolytes ont approvisionné l'usine de Tirek à partir d'une roche pauvre en or, je dirais même complètement stérile, pour dire que l'usine n'est pas ou n'est plus rentable, et sa fermeture serait le mieux à faire pour justifier les dépenses des prochaines exploitations. Alors qu'en réalité, tout se fait au jour le jour sans plan de charge annuel, sans budget de fonctionnement et d'investissement ni de planning de travail et d'action. R. K.